Au palais de Buckingham, les tuiles tombent littéralement du toit et des fuites menacent les Rembrandt de la collection royale. Le gouvernement devrait-il délier les cordons de sa bourse comme le souhaite la reine Élisabeth, alors qu'il est dans le rouge? Quoi qu'il en soit, les deux parties devront faire preuve de transparence, au grand dam de la famille royale.

La reine Élisabeth mérite-t-elle une augmentation de sa pension publique alors que son pays est meurtri par sa pire récession depuis 1930? La question se pose maintenant que la monarque exige plus d'argent de ses sujets britanniques, eux qui se serrent la ceinture depuis la crise de 2007.

 

Au désespoir de la famille royale, les contribuables britanniques pourraient savoir bientôt quelle hausse elle réclame, grâce à une victoire juridique du quotidien The Independent en décembre.

Une centaine de notes de service et de lettres entre le palais de Buckingham et le gouvernement doivent être publiées sous peu. L'essentiel de la correspondance porte sur une aide gouvernementale pour l'entretien des châteaux de la reine.

Ils tombent en ruine, assurent ses porte-parole. Sa fille, la princesse Anne, a échappé de peu à un morceau de maçonnerie tombé du toit du palais de Buckingham en 2007. Les salles de réception seraient aussi en piètre état. Les travaux sont estimés à 67 millions de dollars canadiens par le bureau de la reine Élisabeth.

Or, la Commission d'accès à l'information a ordonné le dévoilement des pourparlers à ce sujet le 21 décembre dernier. «La publication de cette information permettrait à la population de mieux comprendre le système de financement de la Cour royale, elle est donc dans l'intérêt public», a déclaré le commissionnaire Graham Smith.

Un porte-parole de Buckingham a déploré cette décision, ajoutant: «Ce qui intéresse le public n'est pas nécessairement d'intérêt public.» Le gouvernement a encore une vingtaine de jours pour en appeler.

Bon an, mal an, environ 80% des Britanniques se disent en faveur de la monarchie. L'humeur pourrait changer si les demandes de la 20e femme la plus riche de la Grande-Bretagne se révèlent excessives.

Combien coûte la reine ?

Par ailleurs, celle dont la fortune s'élève à 448 millions de dollars est en train de négocier la fameuse «liste civile», une allocation budgétaire sur 10 ans pour couvrir ses frais en tant que chef d'État. Officiellement, la reine coûte 69 millions aux Britanniques, soit 2,21$ par année par contribuable.

Le porte-parole d'un groupe antimonarchiste, Republic, croit que la facture est beaucoup plus salée, soit près de 300 millions de dollars. «En comparant le rapport financier de la famille royale et les coupures de presse, le compte n'y est pas. Nous sommes convaincus qu'elle cache une partie de ses dépenses», affirme le militant Graham Smith.

Certaines d'entre elles ont fait sourciller au cours de 2009. Par exemple, les rénovations de l'appartement de la princesse Béatrice, cousine du prince William, au coût de 415 000$. Pour Graham Smith, il ne fait aucun doute que les dépenses de la famille royale doivent être autant scrutées que celles des élus.

 

Les Canadiens ne paient pas

Les notes de frais de la reine Élisabeth incombent seulement à la Grande-Bretagne et non aux pays du Commonwealth comme le Canada. Les Canadiens paient la note seulement lorsqu'un membre de la famille royale visite le pays. La récente venue du prince Charles aurait coûté 2,7 millions de dollars.