Nicolas Persec a décidé de briser le silence pour tenter de mettre le holà au comportement abusif de collègues homophobes qui le tançaient en raison de son orientation sexuelle.

De concert avec un autre agent gai qui a tenté de se suicider à deux reprises pour se soustraire aux railleries et aux insultes, le policier municipal cannois vient de déposer une plainte pour harcèlement, profitant du festival de cinéma pour obtenir un large écho médiatique.

 

Les difficultés, relate-t-il en entrevue, ont débuté en 2007 lorsque l'autre plaignant, Alain Marty, s'est absenté du travail pour une longue période en raison de problèmes de santé.

Un noyau de collègues a alors fait courir la rumeur que la véritable raison de son absence était qu'il était porteur du virus du sida.

Ce même noyau - qui regroupait une dizaine de policiers affectés au service de nuit - a refusé de patrouiller avec M. Marty à son retour au travail. «Ils disaient que c'était dangereux parce qu'il avait le sida», relate M. Persec.

Dans la foulée, les agents en question cherchent à confirmer que ce dernier est aussi homosexuel en le questionnant avec agressivité. «L'un d'eux m'a demandé: «Alors, t'es pédé ou pas?»» relate-t-il.

Ostracisme

Le policier de 35 ans se voit rapidement ostracisé à son tour. Et soumis à de fréquentes injures. «Quand j'arrivais dans une pièce, j'avais droit à des réflexions du genre: «C'est bizarre, ça sent la merde tout à coup, ça pue»», relate M. Persec.

Le policier affirme qu'il s'est finalement résigné à porter plainte après avoir tenté en vain, à plusieurs reprises, d'obtenir que sa hiérarchie s'en mêle.

La mairie de Cannes a proposé au cours des derniers jours de payer les honoraires d'avocat des plaignants, qui ont déjà été entendus par les membres de l'Inspection générale de la police dans le cadre de l'enquête.

«C'est toute la police municipale de Cannes qui va être prise dans la tempête», commente le vice-président du Syndicat national des policiers municipaux, Frédéric Foncel, qui dénonce le comportement homophobe des agents mis en cause.