Mame, qui est d'origine guinéenne, a mis des années à surmonter les blessures physiques et psychologiques laissées par l'excision subie à l'âge de 13 ans.

«Pendant très longtemps, il suffisait que je voie une lame ou un couteau pour que ça me donne la chair de poule», relate en entrevue la femme de 33 ans, qui habite depuis cinq ans dans le nord-ouest de la France.

 

Son père, souligne-t-elle, s'était opposé avec succès pendant des années à ce qu'elle subisse une telle intervention.

La grand-mère, qui vivait à la campagne en Guinée, a toutefois fini par avoir le dernier mot en arguant que ses cousines et elle seraient excisées lors d'une cérémonie commune censée marquer le passage à l'âge adulte.

«On ne m'a pas demandé mon avis. D'une certaine manière, j'étais contente de savoir que j'allais sortir de l'enfance. Mais je ne savais pas ce qui m'attendait. Ils ne me disaient pas ce que j'allais subir. Ils disaient qu'il fallait le vivre pour le savoir», relate Mame.

L'excision, pratiquée sans anesthésie dans des conditions sanitaires plus que douteuses, a failli lui coûter la vie. «J'ai fait une hémorragie. J'aurais pu y passer parce qu'il n'y avait pas d'hôpital dans le secteur... Ils m'ont traitée avec des plantes et donné de la viande pour compenser la perte de sang», indique-t-elle.

Le traumatisme a été tel qu'elle est restée pendant près de 10 ans sans se laisser approcher par un homme.

«J'avais l'impression que le mal physique allait rester pour toujours. Je ne voulais pas qu'on me touche. J'avais peur de tout», relate Mame, qui a fini par surmonter les séquelles de l'excision en thérapie.

Aujourd'hui en couple, elle dit vivre une sexualité épanouie. Et elle tire profit de son expérience pour animer des séances de «prise de parole» visant à aider d'autres femmes excisées à en faire autant.

«Ça crée un blocage dans la tête qui est long à surmonter», indique-t-elle.