Lâchée par Sarkozy, l'ancienne star du gouvernement est démolie dans un livre-choc qui vient de paraître et «exilée» au Parlement européen.

Rachida Dati avait été pendant une bonne année la star du gouvernement français, et l'une des personnalités politiques les plus populaires dans le pays. Cette fois, c'est fini.

 

Victime de ses gaffes et de ses imprudences, poussée vers la sortie, elle vient d'être obligée d'accepter ce qui est à peine un lot de consolation: un siège de députée au Parlement européen.

Numéro deux sur la liste UMP à Paris, elle est assurée d'être élue dans ce scrutin à la proportionnelle, mais il s'agit d'un enterrement de première classe. Il y a quelques semaines, la benjamine du gouvernement, Rama Yade, elle aussi issue de l'immigration, avait refusé d'être numéro un sur la même liste. C'est donc l'humiliation suprême.

Rachida Dati était l'un des petits coups de génie de Nicolas Sarkozy.

En guise de pied de nez à la gauche qui s'en mordait les doigts, il avait eu cette audace d'offrir à une jeune inconnue de famille maghrébine le ministère le plus prestigieux du gouvernement. À 41 ans, une certaine Rachida Dati, jusque-là discrète conseillère technique, allait devenir garde des Sceaux, chargée de la Justice et de la magistrature, haut lieu de la vieille France conservatrice.

Incompétente et cassante

Le conte de fées avait séduit les Français. À la fois timide et fonceuse, charmeuse et autoritaire, la petite immigrée issue d'une famille de 12 enfants était devenue l'une des personnalités politiques les plus populaires du pays.

Mais les premiers signes de craquement étaient vite apparus. Dans un livre dévastateur - et souvent partial - qui vient de sortir en librairie, Belle-Amie, clin d'oeil à Maupassant et à son personnage d'arriviste parisien, Michaël Darmon et Yves Derai brossent un portrait au vitriol d'une ministre incompétente mais également autoritaire et cassante. Et d'une ambitieuse principalement douée pour la séduction: c'est à force de culot et de ténacité que, simple inconnue, elle était parvenue dans l'entourage de personnalités de la politique et de l'économie, aussi bien Jacques Attali que Simone Veil.

Et c'est pour avoir su devenir l'intime inséparable de Cécilia Sarkozy, dans l'année précédant la présidentielle de mai 2007, qu'elle avait été promue, sur les conseils de Cécilia, d'abord porte-parole du candidat, puis garde des Sceaux. Consécration ultime: elle avait été la seule «politique» à partager les vacances du couple présidentiel en août 2007 dans le New Hampshire. Mais, deux mois plus tard, le départ définitif de Cécilia puis, en décembre, l'arrivée de Carla Bruni avaient marqué le début de sa disgrâce. En douceur, elle avait peu à peu été éjectée en dehors du cercle des intimes.

Pas de retour en grâce

Du coup, il est revenu à la mémoire de chacun que Rachida Dati avait eu un parcours chaotique à la Justice. Son goût pour les folles dépenses, les robes de grands couturiers et les reportages dans les magazines «people» avait achevé de miner son image.

Au mois de janvier, sa grossesse puis son accouchement de femme «indépendante», fort médiatisés, auraient pu lui permettre de se relancer: que le père soit ou non le procureur général du Qatar, comme l'avancent Derai et Darmon, peu importe.

Mais l'épisode ne lui a pas valu de retour en grâce. Dans un dernier coup de poker, Rachida Dati faisait savoir aux journalistes qu'elle se verrait bien ministre de l'Intérieur! L'Élysée lui a indiqué une autre sortie, par la petite porte: un exil à Strasbourg, d'où bien peu sont revenus.