George W. Bush est rentré dans ses terres au Texas, où il écrira probablement ses mémoires dans l'espoir d'influencer le verdict des historiens à son sujet.

Trent Lott et Newt Gingrich font partie d'une autre histoire ancienne, lorsque les républicains formaient la majorité au Sénat et à la Chambre des représentants, les deux sièges du pouvoir politique les plus importants à Washington après la Maison-Blanche.

Le Parti républicain, surnommé Grand Old Party (GOP), est lui-même en quête d'un nouveau président pour diriger ses affaires.

Chassé de la Maison-Blanche, confiné à l'opposition au Congrès et dépourvu de chef, le GOP se cherche comme jamais au moment même où les démocrates, menés par le nouveau président américain, jouissent d'un état de grâce.

D'où la question: en attendant que le parti se relève, qui donc parle en son nom? Pour certains, la réponse ne se trouve pas à Washington, mais derrière le micro doré d'un studio de Palm Beach, où s'installe cinq jours sur sept, de midi à 3h, l'animateur de radio conservateur Rush Limbaugh.

«On ne peut pas seulement écouter Rush Limbaugh et penser pouvoir accomplir des choses», a déclaré Barack Obama vendredi en s'adressant aux dirigeants républicains du Congrès qu'il avait conviés à la Maison-Blanche pour discuter du plan de relance économique des démocrates.

Apôtre d'une approche bipartite, le nouveau président américain cherche à obtenir le plus grand nombre de votes républicains pour ce plan, qui représenterait un effort d'au moins 825 milliards de dollars. Or, les républicains du Congrès ne savent plus sur quel pied danser. Doivent-ils collaborer avec le président Obama, dont la popularité atteint des sommets, ou doivent-ils lui mettre des bâtons dans les roues?

Pendant que les élus du GOP tergiversent à Washington, Rush Limbaugh a déjà donné en ondes une réponse controversée à cette question la semaine dernière: «Je ne suis absolument pas d'accord avec ceux de notre camp politique qui ont abandonné la bataille et qui disent: "J'espère qu'il réussira. Nous devons lui donner une chance." J'écoute Barack Obama depuis un an et demi. Je connais sa politique. Je connais ses projets, tels qu'il les a présentés. Et je ne veux pas qu'il réussisse.»

«Je veux qu'il échoue», a-t-il ajouté cette semaine, ce qui lui a valu d'être qualifié de «traître» par certains partisans de Barack Obama. Après tout, l'échec du nouveau président ne devrait-il pas se traduire par la détérioration de la situation économique des États-Unis?

Droite déboussolée

Barack Obama et ses alliés voient sans doute un avantage à associer leurs rivaux politiques à Rush Limbaugh, symbole d'une droite déboussolée. Mais les démocrates ne sont pas les seuls à voir en l'animateur de radio, dont l'émission de radio est la plus écoutée aux États-Unis, un leader incontournable. Le 15 janvier, lors d'une entrevue à la BBC, Rick Davis, directeur de campagne de John McCain, a lui-même attribué la défaite du sénateur de l'Arizona en novembre «aux Rush Limbaugh de ce monde» qui ont alimenté la grogne de la base républicaine vis-à-vis de la réforme de l'immigration, dont le candidat du GOP à la Maison-Blanche s'était fait le champion.

Rush Limbaugh n'était certes pas le plus grand partisan de John McCain. Il n'a cependant pas caché son admiration pour Sarah Palin, en qui il voit la réincarnation de Ronald Reagan, un point de vue que partagent plusieurs de ses auditeurs.

Mais les déboires récents du Parti républicain ne forceront-ils pas ses militants à mettre le holà à l'ascendance de Rush Limbaugh? L'issue de la course à la présidence du GOP pourrait fournir une première réponse à cette question. Certains candidats se situent nettement dans la mouvance de l'animateur. C'est notamment le cas de Chip Saltsman, qui a donné comme cadeau de Noël à ses supporters un CD de chansons satiriques, dont l'une, intitulée Barack the Magic Negro, a soulevé la controverse. Rush Limbaugh l'a souvent fait jouer à son émission.

Deux Noirs sont également candidats à la présidence du Parti républicain. L'un d'eux, Michael Steele, représenterait un désaveu de l'approche incarnée par Rush Limbaugh s'il était élu. Âgé de 50 ans, cet ancien lieutenant-gouverneur du Maryland prône non seulement la diversité mais également le compromis avec les démocrates sur certaines questions. L'élection du nouveau président du GOP devrait avoir lieu le 29 janvier.