De son nom véritable il s'appelle Maurice Sinet. Mais tout le monde l'appelle Bob. Et il signe du nom de Siné. À près de 80 ans, c'est un monument du dessin satirique, mais il semblait avoir sa carrière derrière lui. Individualiste, excessif, «fouteur de merde», comme l'écrit son vieux copain Cavanna, il avait réussi à être de toutes les aventures politiques ou éditoriales sans jamais se poser définitivement nulle part. Un instable qui a de la suite dans les idées. Il demeure ce qu'il était il y a un demi-siècle : antimilitariste, anticlérical et anticolonialiste forcené, par ailleurs grand amateur et chroniqueur de jazz... Jamais aligné sur un parti, toujours penchant à l'extrême gauche : il a soutenu la révolution cubaine, «porté les valises « clandestinement pour le Front de libération nationale de l'Algérie entre 1958 et 1962, longtemps fréquenté le sulfureux avocat Jacques Vergès, défilé contre la première guerre en Irak en 1991, et manifesté contre le Traité constitutionnel européen de 2004.