La journaliste Kinsee Morlan, qui habite Tijuana, a écrit quelques réflexions sur la fin de semaine meurtrière. En voici un extrait:

«Qu'est-ce que vous pouvez faire quand la ville où vous habitez et en proie au désarrois et au chaos? Est-ce que vous vous cachez chez vous? Mettez un cadenas sur la porte? Est-ce que vous achetez un bâton de baseball ou un fusil en espérant ne jamais avoir à les utiliser? Et, même si vous ne croyez pas vraiment en Dieu, est-ce que vous priez pour que les morts signalés cette semaine-là ne soient pas des gens que vous connaissiez?

 

Pendant que 37 adultes et enfants, coupables ou innocents, ont été tués la fin de semaine dernière, j'étais à Punta Banda, jolie ville de pêcheurs située sur la côte. (...)

Samedi, j'achetais des souvenirs avec mon père et ma soeur, quand le propriétaire de la boutique a réalisé que nous habitions à Tijuana. Il ne s'est pas montré très enthousiaste.

«Oh. Tijuana, c'est une ville sale et dangereuse», a-t-il dit.

Je me fais toujours un devoir d'argumenter quand on me sert cette réponse. Alors j'ai essayé de le convaincre. Comment pouvais-je savoir qu'au moment même où je défendais Tijuana, des enfants de 7 ans étaient en train de se faire tuer? Tout cela, pendant que je magasinais pour des bagues en argent bon marché?

C'est difficile de savoir quoi penser dans tout cela. Personne ne nous donne d'explication. Nous ne pouvons qu'assumer que tous les assassinats dont on entend parler à Tijuana sont liés au trafic de drogue.

Entre-temps, je suppose que je vais continuer ma vie. Je compte bientôt écrire sur le bon temps que j'ai eu avec ma soeur et mon fiancé à goûter des vins dans la Guadalupe Valley. Je trouve que ça n'a aucun sens, et que c'est ridicule et absurde, mais qu'est ce que je peux faire d'autre?»

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