Jorge et Miguel Graglia passent leurs journées dans les ruelles de Los Angeles à chercher des bouteilles de verre, des canettes vides, du carton et des bouts de tuyaux de cuivre. Ils balancent leurs trouvailles à l'arrière de leur camion et vont vendre le tout au centre de recyclage, près du centre-ville. Ils en tirent quelques centaines de dollars par semaine, de quoi faire vivre leurs familles. «C'est un travail difficile, mais nous n'avons pas le choix, dit Jorge Graglia. Il n'y a pas d'emploi ailleurs, et nous ne pouvons rester à ne rien faire.»

Mardi, les deux frères comptent aller voter. Ils appuieront Barack Obama.

«Tout le monde que je connais va voter Obama, dit Jorge, un homme dynamique qui gesticule en parlant. Avant, ils appuyaient Clinton. Aujourd'hui, ils sont pour Obama. Ils veulent voter pour un démocrate. Les républicains sont très impopulaires actuellement.»

 

Le duel Clinton-Obama, qui a monopolisé les ondes durant les six premiers mois de l'année, semble être un lointain souvenir. Aujourd'hui, les latinos s'apprêtent à voter massivement en faveur d'Obama, eux qui se rangeaient surtout derrière Mme Clinton,

Un sondage national dévoilé vendredi montre que 72% des électeurs hispaniques soutiennent Obama, contre 22% pro-McCain, selon la firme Zogby.

De l'avis de M. Graglia, les gens appuyaient surtout Mme Clinton car ils avaient de bons souvenirs de la présidence de son mari. «Avec Obama, c'est un peu la même chose, dit-il. Les Latinos se souviennent qu'ils étaient mieux traités avec un démocrate à la Maison-Blanche. C'est pour cela qu'Obama est si populaire.»

Clientèle convoitée

Le vote hispanique promet d'être important cette année. Les campagnes pour faire inscrire des latinos sur les listes électorales ont été nombreuses partout au pays. En 2004, 7,6 millions d'hispaniques ont voté et, cette année, 10 millions sont attendus aux urnes.

Les candidats ont bien sûr fait des efforts pour rejoindre les Latinos. En Floride et au Nevada, la campagne de John McCain diffuse des publicités en espagnol. Obama donne régulièrement des entrevues aux médias hispaniques, geste qui ne passe pas inaperçu dans la communauté. Sa fameuse infopub de 30 minutes a d'ailleurs été diffusée la semaine dernière en version espagnole sur Univision, plus importante chaîne hispanique aux États-Unis.

Au cours de sa carrière, John McCain s'est préoccupé du bien-être des immigrés. Or, depuis qu'il dirige le Parti républicain, le candidat a durci le ton à leur endroit. Quand il parle d'immigration, c'est surtout pour vanter les mérites d'une clôture en construction à la frontière mexicaine. Un projet extrêmement impopulaire chez les Latinos.

Obama, en revanche, lance un message d'optimisme. En entrevue au journal hispanique La Opinión, il a soutenu que son administration régulariserait la situation des 12 millions d'immigrés hispaniques illégaux aux États-Unis. «Nous allons faire de changements fondamentaux pour améliorer le système de santé et d'éducation, mais pour cela, nous avons besoin du vote hispanique. Dans une course serrée, ils peuvent faire toute la différence du monde.»