C'est presque une histoire de famille. Marina Petrella, 54 ans, ancienne militante des Brigades rouges, ne sera pas extradée de France en Italie, où elle avait été condamnée en 1992 à la prison à perpétuité pour sa participation à l'assassinat d'un commissaire de police.

Pour raisons «humanitaires et médicales». En grève de la faim depuis son arrestation, Marina Petrella aurait perdu 40 kg, et ses médecins parlaient d'un pronostic vital engagé. «Ils n'emporteront en Italie que mon cadavre», aurait-elle déclaré à des proches.

Arrêtée avant l'été - presque par hasard - lors d'une démarche administrative, l'ancienne «brigadiste», était réfugiée en France depuis 1993.

C'est mercredi dernier, sur son lit d'hôpital à Sainte-Anne, que Marina Petrella a appris la nouvelle officielle de sa non-extradition. De la bouche même de Carla Bruni-Sarkozy, qui était accompagnée de sa soeur, la comédienne et réalisatrice Valeria Bruni-Tedeschi.

Ironie du sort, la famille - Bruni-Tedeschi - de riches industriels turinois - avaient justement fui l'Italie, à l'époque où sévissaient les Brigades rouges et d'autres groupes terroristes.

Entre 1970 et 1980, on avait dénombré quelque 15 000 et quelque 415 victimes du terrorisme.

C'est Valeria Bruni-Tedeschi, connue pour ses sympathies de gauche, qui aurait dès le départ alerté sa soeur et l'Élysée sur le cas de Marina Petrella: «J'ai été obligée de quitter l'Italie quand j'étais enfant pour éviter la violence, dit-elle aujourd'hui, et je ne vois pas pourquoi on devrait ajouter une mort de plus à celles qu'on a déplorées dans les années 70.»

Le cas de Marina Petrella est un peu particulier. Épouse à l'époque d'un dirigeant des BR, impliquée dans divers dossiers, dont celui de l'enlèvement et de l'assassinat du premier ministre Aldo Moro (en 1978), elle a fait huit années entières de détention préventive avant que la justice ne soit forcée de la remettre en liberté.

Une présence discrète

Depuis son arrivée en France en 1993, elle s'était totalement abstenue de toute activité publique, et travaillait discrètement en région parisienne comme assistante sociale. Remariée, elle avait eu un deuxième enfant en France.

Le premier ministre François Fillon avait signé le décret d'extradition le 9 juin dernier. Et le président Sarkozy avait manifesté son intention de donner suite.

Mais, alerté par sa belle-soeur, il avait reçu l'avocate de Marina Petrella. Et, au mois de juillet, avait demandé au premier ministre italien Berlusconi d'envisager une mesure de grâce en cas d'extradition.

Le président de la République italienne - Gorigio Napolitano, ancien dirigeant très respecté du Parti communiste italien - n'avait pas donné suite. Au sein de l'opinion publique italienne, qui se souvient des traumatismes des «années de plomb», le sentiment prévaut que les anciens «terroristes» doivent «payer leurs dettes». Une association de parents de victimes du terrorisme organisera donc une manifestation, samedi prochaindevant le palais de l'Élysée à Paris.