De tous les Britanniques inquiets de la situation financière du pays, une seule classe gardait encore le sourire hier: les troupes du Parti conservateur. Réunis à Birmingham depuis dimanche pour leur conférence annuelle, les conservateurs de David Cameron, chef de l'opposition, avaient le visage rayonnant malgré la grisaille économique.

La raison? Ils sont menés par le politicien le plus charismatique depuis Tony Blair et ils devancent les travaillistes de Gordon Brown par au moins 10 points dans les sondages depuis le début de l'année.

«Ne soyez pas triomphalistes», avait pourtant averti David Cameron à l'ouverture de la conférence. Le jeune chef des conservateurs a décidé de jouer de prudence en ces temps de crise financière. Lundi encore, la neuvième banque de crédit immobilier du pays, Bradford&Bingley, a dû être nationalisée.

Dans un discours spécial hier matin, David Cameron a tendu la main au premier ministre Gordon Brown pour sortir le pays du marasme financier. Les deux rivaux politiques ont discuté de la crise lundi soir, au dire du Daily Telegraph. «Ne suivons pas l'exemple des États-Unis et de leurs querelles politiques. En Grande-Bretagne, unissons-nous pour sortir de cette crise», a-t-il dit, l'air grave.

«Il a parlé comme un homme d'État», dit à La Presse Ted Baker, un vétéran du parti domicilié en banlieue de Birmingham.

Chic et sobres

Les délégués conservateurs, dont beaucoup de jeunes hommes vêtus de chic complets, tempéraient leur enthousiasme sous les bannières du slogan du parti, «Planifier le changement».

«Personne ne sable le champagne. Nous devons rester sobres et solides, a dit Rahoul Bhansali, candidat parlementaire aux prochaines élections. Je sens que les électeurs sont très attentifs à ce que nous avons à dire.»

C'est pourquoi le numéro deux des Tories, George Osborne, a promis un gel des taxes municipales pour deux ans et a lancé un avertissement aux banquiers «irresponsables» lundi. «Je ne vais pas taxer une famille qui gagne 20 000 livres sterling (38 000 dollars canadiens) pour payer les bonis d'un banquier qui en gagne 2 millions», a prévenu le conservateur responsable du dossier économique.

Traditionnellement proches du patronat et de l'élite des affaires, les conservateurs sous David Cameron tentent de briser leur image du «parti méchant» (nasty party) qui leur colle à la peau depuis Margaret Thatcher.

Toutefois, leur conférence ne croule pas sous le poids du programme politique des Tories nouveau genre. Une partie de la presse britannique s'impatiente. «Nos lecteurs ne savent toujours pas ce que les conservateurs représentent», a déploré le populaire tabloïd The Sun hier.

«Nous devons rester discrets car les travaillistes nous volent nos idées», a expliqué Martin Duffield, conseiller municipal à Birmingham. Il a cité en exemple la proposition de George Osborne d'augmenter le seuil de l'impôt sur l'héritage, une mesure reprise par le Labour l'année dernière.

Pour Claire Parkin, une étudiante de 21 ans, l'équipe de David Cameron a le mérite d'attirer du sang neuf en politique. «Je vois tellement plus de jeunes que l'année dernière», a-t-elle dit.

Devant l'International Conference Centre, un pasteur chrétien criait ses sermons dans l'indifférence générale. «Jésus-Christ est notre seul espoir pour sauver notre nation», s'est écrié Stephen Holland, de Manchester.

Mais pour les conservateurs, il n'y a qu'un seul messie: celui qui a remis leur parti sur les rails.