«N'emmène pas tes clients à Varadero ! Il n'y a pas d'électricité, pas d'eau, les gens n'ont rien à manger là-bas. Tout est détruit !»

En route vers la destination-soleil bien connue des Québécois, à partir de La Havane, hier, notre chauffeur s'est fait lancer cette mise en garde par des compatriotes colportant des rumeurs catastrophiques.

Nous étions sceptiques. Mais notre chauffeur n'a pas pris de risque : dans la dernière ville avant la péninsule bordée de sable blanc, il s'est arrêté dans un dépanneur pour faire le plein d'eau et acheter un paquet de biscuits, et ainsi s'assurer de ne pas mourir de faim.

Une heure plus tard, à notre arrivée sur les plages de Varadero, nous avons constaté que les touristes en maillot n'avaient pas l'air affamés. Ni les palapas tombées autour d'eux ni les amoncellements de feuilles de palmiers et autres débris ne les empêchaient de profiter de la mer turquoise et du soleil éclatant.

« En plus, il n'y a presque personne, on a la place à nous tout seuls. »

- Peter, un touriste allemand croisé sur la plage avec sa copine

Quelques dommages importants sont visibles dans les complexes hôteliers qui bordent l'océan : des sections de toits arrachées - et beaucoup de tuiles et de bardeaux envolés -, des palmiers tombés sur des balcons et des briques manquantes çà et là. Il y a surtout de nombreuses branches qui encombrent les jardins habituellement si bien entretenus.

AU RALENTI

Des établissements balnéaires sont fermés, notamment le Melia Paradisus et le Tryp Peninsula, parce que les dégâts y sont plus sérieux. Ailleurs, on tourne au ralenti. Au Memories, par exemple, les piscines sont inutilisables. L'eau est trouble et des employés s'emploient à tout nettoyer.

Ailleurs, des sections complètes sont fermées, comme au Melia Princesa Del Mar, où tous les bungalows abritant les chambres de luxe ont perdu des bardeaux d'asphalte. La piscine qui serpente devant ces bâtiments est vide.

Dans la petite ville de Varadero, il n'y avait pas d'électricité hier. Le serveur d'un petit restaurant s'est excusé de ne pouvoir nous servir d'eau froide et de nous proposer seulement trois choix de repas.

Mais les grands complexes hôteliers ont leurs propres génératrices. Presque tous les services étaient déjà revenus à la normale, moins d'une semaine après le passage d'Irma. Même internet fonctionnait.

Il faut se souvenir que c'est la basse saison, de sorte que les hôtels ne sont pas pleins et que les clients peuvent être installés dans les secteurs relativement intacts, tandis que les employés s'activent pour tout réparer et nettoyer.

« Dans quelques semaines, tout sera revenu à la normale. Et pour la haute saison, les clients ne devraient rien remarquer d'anormal », assure Debbie, employée d'un grand hôtel, qui se veut optimiste.