Le gigantesque ouragan Irma s'abattait samedi sur le centre de Cuba après avoir fait au moins 25 morts dans les Caraïbes, poursuivant sa course destructrice vers la Floride où près de six millions d'habitants ont été appelés à évacuer pour échapper à ses vents destructeurs et des inondations potentiellement meurtrières.

À Cuba, une habitante décrivait samedi matin un paysage désolé d'arbres et de poteaux électriques arrachés, et de nombreux toits de tôle envolés. «Partout ici c'est terrible», se désolait Gisela Fernandez, infirmière de 42 ans, vivant à Chaparra, un village de la province orientale de Las Tunas.

Avec des rafales atteignant jusqu'à 256 km/h au moment de l'impact, selon les médias d'État, Irma est le plus puissant ouragan dont l'oeil touche directement l'île depuis 1932. Des vagues de jusqu'à sept mètres ont été enregistrées sur la côte nord par le service cubain de météorologie INSMET et la province de La Havane a été placée en alerte ouragan, selon le centre américain des ouragans (NHC).

Après avoir atteint la catégorie 5, la plus élevée, dans la nuit, Irma a été abaissée en catégorie 3 avec des pointes de vents à 205 km/h à 11 h (heure de l'Est), mais devrait «se renforcer en chemin vers le sud de la Floride» et l'archipel américain des Keys qu'il doit frapper dès «dimanche matin», prévient le NHC.

Avec leur faible altitude, les îles des Keys  sont particulièrement vulnérables à la montée des eaux. «Il sera extrêmement difficile de survivre si vous êtes sur les Keys», a mis en garde le gouverneur de Floride Rick Scott, sur la chaîne The Weather Channel.

Tous les habitants ont été appelés à évacuer, mais pour les derniers récalcitrants, les autorités ont ouvert samedi matin un simple abri, sans service de restauration ou couchage. «ABRI DE DERNIER RECOURS», a tweeté en majuscules la police de l'archipel.

«Le pire scénario»

«Notre État n'a jamais rien connu de cette ampleur», a encore martelé samedi matin en conférence de presse Rick Scott, qui multiplie les appels alarmistes depuis plusieurs jours pour encourager la population à fuir.

«La menace d'importantes inondations causées par la marée de tempête sur les côtes est et ouest de Floride a augmenté», a-t-il averti, prévoyant des inondations hautes de 1,8 à 3,6 mètres. «Ça peut recouvrir votre maison (...) Vous ne survivrez pas à la montée des eaux. Si on vous a ordonné d'évacuer, vous devez partir maintenant».

Pas de baigneurs sur la plage, rues désertes et gratte-ciel vides, Miami Beach avait des airs de «ville fantôme» samedi, selon le maire de cette célèbre station balnéaire de près de 100 000 habitants, Phil Levine. L'élu a qualifié Irma d'«ouragan nucléaire», «parce qu'il est tellement puissant, si vaste», a-t-il dit sur CNN.

«Le vent se lève (...) Mais on est surtout préoccupés par la marée de tempête», a-t-il ajouté. «Miami est sujette aux inondations alors quand un ouragan pousse toute cette eau vers nous, c'est très inquiétant.»

Alors que l'Est était au départ particulièrement menacé, c'est l'Ouest de la péninsule de Floride qui se trouvait directement dans le viseur de l'ouragan, d'après les prévisions du NHC actualisées samedi matin.

«C'est le pire scénario pour notre ville, et notre région», a déploré le maire de Fort Myers, ville de la côte ouest, sur CNN tout en cherchant à rassurer la population. «Nous sommes prêts.»

Un peu plus au sud, le maire de Naples (21 000 habitants) soulignait aussi les efforts de préparation. Marqués par les images de la dévastation semée il y a seulement quelques jours aux Texas et en Louisiane par l'ouragan Harvey, les habitants ont suivi les ordres d'évacuation, a expliqué Bill Barnett sur la même chaîne. «Ils l'ont pris très, très sérieusement. «

Des bus scolaires jaunes aidaient à l'évacuation des quelques 5,6 millions appelés à fuir, soit un quart de la population de cet État du sud-est des États-Unis, selon son gouverneur. Plus de 50 000 habitants ont déjà trouvé refuge dans les abris, d'après Rick Scott, qui appelait encore samedi matin à la mobilisation. «Nous avons besoin de 1000 infirmiers volontaires pour aider dans les abris.»

Contre-la-montre avant José

L'ouragan a déjà fait au moins 25 morts à son passage dans les Caraïbes: dix dans la partie française de Saint-Martin, deux dans la partie néerlandaise de Saint-Martin, quatre personnes dans les îles Vierges américaines, six dans les Îles Vierges Britanniques et l'archipel d'Anguilla, deux à Porto-Rico, une à Barbuda.

Sur les îles ravagées de Saint-Martin et Saint-Barthélemy, les secours étaient engagés dans un contre-la-montre pour venir en aide aux habitants traumatisés avant  l'arrivée d'un autre puissant ouragan de catégorie 4, José.

La préfecture du département français de la Guadeloupe espérait voir s'ouvrir samedi une «fenêtre de tir» pour le pont aérien servant à ravitailler Saint-Martin et procéder à «des évacuations sanitaires».