Un sénateur australien s'est attiré mercredi un déluge de critiques pour avoir préconisé une «solution finale», en l'occurrence un vote populaire, au «problème de l'immigration» et a recommandé un retour à l'ancienne politique discriminatoire dite de «l'Australie blanche».

Le sénateur du Queensland Fraser Anning a sidéré mardi son auditoire en reprenant à son compte dans son premier discours devant la chambre haute du Parlement la formule de «solution finale», qui désigne le plan nazi d'extermination des Juifs d'Europe.

Il a provoqué une levée de boucliers en préconisant une interdiction de l'immigration musulmane et en défendant la politique migratoire raciste dite de «l'Australie blanche» qui fut en place pendant près de sept décennies à partir de 1901.

«Nous, en tant que Nation, sommes légitimes pour insister que ceux qui soient autorisés à venir reflètent de façon prédominante la composition historique européenne et chrétienne de la société australienne», a déclaré M. Anning, qui appartenait auparavant au Parti populiste Une Nation, mais est élu sous l'étiquette du Katter's Australian Party.

«Si tous les musulmans ne sont pas des terroristes, il est certain que tous les terroristes, de nos jours, sont musulmans, alors pourquoi voudrions-nous en amener davantage?», a-t-il ajouté en demandant un retour à la politique qui voulait que les immigrants attendent cinq ans avant de pouvoir toucher les allocations de l'État.

C'est alors que le sénateur a développé son idée d'un plébiscite sur les questions d'immigration.

«La solution finale au problème de l'immigration est, bien sûr, un vote populaire», a-t-il dit.

L'immigration est un sujet très sensible en Australie, un pays qui mène déjà une des politiques les plus dures au monde en matière de traitement des clandestins et demandeurs d'asile, qui se voient relégués des années durant dans des camps offshore.

Les chiffres publiés le mois dernier ont montré que le nombre d'immigrants admis en Australie était déjà à son niveau le plus bas en dix ans en raison d'un durcissement des critères.

Les propos de M. Anning ont été fortement critiqués en Australie, à commencer par le premier ministre Malcolm Turnbull qui a souligné que son pays était une des sociétés au monde où le multiculturalisme était le plus abouti.

«Donc nous rejetons, nous condamnons le racisme sous toutes ses formes, et les propos du sénateur Anning sont à condamner avec force», a-t-il dit.

Le sénateur n'a nullement regretté ses propos mercredi, affirmant qu'il ne connaissait pas le lien entre l'Allemagne nazie et l'expression de «solution finale».

«Je ne regrette rien, et je ne vais pas présenter d'excuses», a-t-il dit.