Le parti d'Imran Khan a annoncé avoir entamé des pourparlers en vue de former une coalition de gouvernement avec des indépendants et des petits partis après sa victoire aux élections législatives pakistanaises.

Parallèlement, une douzaine de formations politiques rivales qui ont rejeté le succès du Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI, le parti d'Imran Khan) menacent d'organiser des manifestations contestant le résultat du scrutin de mercredi sur fond d'accusations de fraudes électorales.

Le PTI a obtenu 116 sièges, selon les derniers résultats partiels samedi, un score meilleur qu'attendu, mais en deçà des 137 nécessaires pour avoir la majorité à l'Assemblée nationale pakistanaise, qui lui permettrait de former un gouvernement.

Le parti a commencé à sonder des partenaires de coalition potentiels, et le processus devrait prendre une dizaine de jours, selon son porte-parole, Fawad Chaudhry.

« Nous avons contacté de petits partis et des indépendants, ils vont bientôt rencontrer à Islamabad les responsables du parti », a annoncé vendredi soir M. Chaudhry.

« Nous espérons qu'Imran Khan prêtera serment en tant que premier ministre avant le 14 août », a déclaré plus tard à la presse Naeem ul Haq, un représentant du PTI. Ce délai est jugé normal pour la formation d'un gouvernement au Pakistan.

Protester contre les résultats

Une douzaine de partis contestataires, regroupés dans une Conférence (All Parties Conference, APC), ont annoncé vendredi soir après une réunion à Islamabad qu'ils allaient protester contre les résultats.

Shahbaz Sharif, le frère de l'ancien premier ministre Nawaz Sharif, qu'il a remplacé à la tête de la Ligue musulmane pakistanaise (PML-N, au pouvoir ces cinq dernières années), a assisté à cette réunion. Il doit annoncer dimanche si le PML-N, qui a fini deuxième du scrutin avec 64 sièges, se joindra au mouvement.

Au sein de l'APC, les partis restent néanmoins divisés. Certains réclament de nouvelles élections, d'autres un boycottage du nouveau Parlement.

Le Parti du peuple pakistanais (PPP), arrivé troisième du scrutin, était absent de la réunion de l'APC. Il a annoncé rejeter lui aussi les résultats tout en faisant savoir qu'il chercherait à convaincre les autres formations politiques de participer au processus parlementaire.

« Les partis d'opposition sont divisés », a observé le général en retraite Talat Masood, qui ne voit pas « l'endurance et le soutien de la population » nécessaires à l'organisation d'un « grand mouvement » de protestation.

Le parti d'Imran Khan, dont la nette victoire met un terme à des décennies d'alternance entre le PML-N et le PPP, entrecoupée de périodes de pouvoir militaire, est accusé d'avoir bénéficié d'un fort soutien de l'armée.

La mission d'observation de l'Union européenne, tout en jugeant « crédibles » les résultats, a fait état de « restrictions sur la liberté d'expression » et d'un « manque notable d'égalité » durant la campagne, estimant que le scrutin n'était « pas à la hauteur » des dernières législatives en 2013. Les États-Unis ont également exprimé des « inquiétudes au sujet d'irrégularités » durant la campagne.

L'ex-champion de cricket a revendiqué jeudi la victoire à ces élections marquées par de nombreuses accusations de fraude et un dépouillement particulièrement lent, après une campagne électorale considérée par certains observateurs comme l'une des plus « sales » de l'histoire du pays.

Le scrutin marquait une deuxième transition démocratique consécutive au Pakistan, puissance nucléaire dirigée par son armée pendant près de la moitié de ses 71 ans d'histoire.