Un maire philippin accusé d'être impliqué dans le trafic de drogues a survécu dimanche à une embuscade, a annoncé la police, quatre mois après que l'édile eut reçu des menaces de mort du président Rodrigo Duterte.

Ancien haut gradé de la police philippine, Vicente Loot, maire d'une localité de la province de Cebu, a plusieurs fois été cité par M. Duterte comme faisant partie des «narco-généraux» protégeant le trafic de drogues.

M. Loot se trouvait dimanche sur un bateau le ramenant avec sa famille dans la ville de Daanbantayan, à Cebu, quand des inconnus ont ouvert le feu, blessant quatre personnes, selon la police. Le maire en est sorti indemne.

«Nous enquêtons sur toutes les pistes possibles, y compris le fait qu'il ait été accusé d'être lié au trafic de drogue, son implication politique ou son appartenance passée aux forces de police», a déclaré à l'AFP Irish Dilem, un haut responsable de la police.

M. Loot, qui dément tout lien avec les narcotrafiquants, a exhorté les autorités à mener l'enquête, tout en se refusant à s'avancer sur les mobiles des assaillants.

Depuis son arrivée au pouvoir en 2016 après une campagne sécuritaire outrancière, le président philippin a lancé une campagne sans merci contre le trafic de drogue.

La police dit avoir tué 4100 toxicomanes et trafiquants présumés. Les défenseurs des droits affirment qu'il faut multiplier ce chiffre par trois.

M. Duterte avait dès 2016 affirmé que M. Loot figurait sur une liste noire des responsables locaux, magistrats et policiers liés au trafic de stupéfiants. Depuis lors, trois maires ont été assassinés, dont un dans sa cellule.

Le président s'était notamment publiquement interrogé sur l'origine de la fortune de Vicente Loot. En décembre 2017, M. Duterte avait ainsi relaté une conversation avec le maire.

«Vous ai-je dit que lors de ma réunion (avec les maires), j'ai dit à Loot: "Toi, le fils de pute, tu es un général, je vais te tuer". Parce qu'il s'est servi du gouvernement pour des méfaits», avait dit M. Duterte.

Contacté par l'AFP, le porte-parole du président n'a pas immédiatement répondu.

Les Philippines avaient publié fin avril les noms de plus de 200 élus locaux accusés d'être mêlés au trafic de drogue, démentant toutefois avoir dressé une «liste noire» de cibles à abattre dans la campagne meurtrière contre les stupéfiants.

Des élections locales sont prévues lundi dans l'archipel, où les campagnes sont fréquemment synonymes de violences.