Un gouverneur anti-nucléaire japonais a annoncé mercredi sa démission après avoir été accusé de relations sexuelles tarifées avec des étudiantes, un départ qui pourrait ouvrir la voie au redémarrage d'une importante centrale.

Ryuichi Yoneyama avait été élu en octobre 2016 à la tête de la préfecture de Niigata après avoir promis durant sa campagne de protéger les habitants face aux risques d'accident nucléaire.

Il avait exprimé des réserves sur le redémarrage de la centrale de Kashiwazaki-Kariwa jouxtant la mer du Japon, la plus puissante du pays avec sept réacteurs au total.

Le politicien de 50 ans, qui n'est pas marié, s'est offert les services de jeunes femmes d'une vingtaine d'années, selon l'hebdomadaire Shukan Bunshun, alors que la prostitution est illégale au Japon même si les poursuites sont rares.

«J'ai décidé de démissionner pour éviter de causer davantage de confusion et pour assumer la responsabilité de mes actes», a déclaré M. Yoneyama lors d'une conférence de presse, tout en se prosternant devant les caméras de télévision.

«Il était difficile de trouver de la compagnie. Alors j'ai donné des cadeaux et de l'argent pour attirer l'attention» des femmes, a-t-il dit.

«Je n'ai pas pu résoudre la question nucléaire, ce que je considérais comme une mission historique», a regretté le gouverneur.

L'élection de son successeur pourrait être organisée dès le mois prochain, selon l'agence Kyodo.

La centrale de Kashiwazaki-Kariwa a été totalement arrêtée après avoir été endommagée par un séisme dans la région de Niigata en 2007. Son redémarrage a ensuite été reporté en raison de son besoin de mise en conformité avec les nouvelles exigences de sûreté nucléaire après le tsunami de mars 2011 à l'origine de l'accident de Fukushima.

À la fin du mois de décembre, l'autorité de régulation avait donné son feu vert définitif à Tepco pour relancer deux tranches du site. Il s'agit des seuls réacteurs restants de la compagnie d'électricité, privée de ressources nucléaires depuis le drame de Fukushima qui a condamné le site qu'elle exploitait.

En théorie, Tepco n'a pas besoin de l'approbation des autorités locales pour remettre en service ses unités, mais les compagnies préfèrent généralement obtenir leur aval.

Le gouvernement conservateur de Shinzo Abe veut relancer tous les réacteurs jugés sûrs par l'Autorité de régulation nucléaire, arguant du surcoût de l'achat des hydrocarbures nécessaires au fonctionnement des centrales thermiques.

Il se heurte cependant parfois aux réticences des élus locaux et surtout à l'opposition des écologistes, qui n'hésitent pas à faire appel à la justice pour entraver le processus, jugeant que les leçons de Fukushima n'ont pas été tirées.

À ce stade, seule une poignée de réacteurs sont opérationnels, sur un parc de 42 unités, contre 54 avant la catastrophe de mars 2011.