La prix Nobel de la paix Malala Yousafzai poursuivait vendredi dans la plus grande discrétion son séjour au Pakistan, au lendemain de retrouvailles très émouvantes avec un pays qu'elle a quitté il y a plus de cinq ans entre la vie et la mort.

Le programme de la jeune femme de 20 ans n'est pas communiqué à la presse et les médias ne sont pas invités à la suivre pour des raisons de sécurité, selon les autorités. En 2012, Malala avait été évacuée d'urgence vers la Grande-Bretagne après avoir reçu une balle dans la tête au cours d'un attentat l'ayant ciblée à son retour de l'école.

La championne des droits des femmes, célébrée en Occident, est un personnage plus controversé dans son pays, où certains la considèrent comme un « agent de l'étranger » manipulé ou payé pour nuire au Pakistan.

Outre les cercles islamistes radicaux opposés à l'émancipation des femmes, Malala est également critiquée par une partie de la classe moyenne pakistanaise qui lui reproche de ternir l'image du pays.

Vendredi, des internautes la qualifiaient de « honte de l'islam et du Pakistan » sur Twitter, quand d'autres la dépeignaient en « agent de l'Amérique ».

« Le Pakistan ne traite pas bien ses héros », remarquait vendredi dans un éditorial Dawan, le principal quotidien en langue anglaise, ajoutant qu'un autre lauréat pakistanais du prix Nobel, le physicien Abdus Salaam avait également été ignoré parce que membre de la communauté Ahmadi, persécutée au Pakistan.

Jeudi, Malala Yousafzai, avait retrouvé dans les larmes son pays natal. « Je n'arrive toujours pas à croire que je suis ici », avait-elle déclaré, bouleversée. « Ces cinq dernières années, j'ai toujours rêvé de pouvoir revenir dans mon pays », s'était-elle exclamée.

Malala avait commencé son combat en 2007 lorsque les talibans imposaient leur loi sanglante dans sa vallée de Swat, autrefois paisible région touristique des contreforts de l'Himalaya.

Du haut de ses 11 ans, la fillette alimentait un blogue sur le site internet de la BBC en ourdou, la langue nationale du Pakistan. Sous le pseudonyme de Gul Makai, elle y décrivait le climat de peur régnant dans sa vallée sous la férule des extrémistes.

L'attentat qui a failli lui coûter la vie, commis par les talibans pakistanais, n'a nullement entamé sa détermination.

« La nouvelle génération du Pakistan est l'avenir du Pakistan (...) Donc nous devrions investir dans l'éducation de ces enfants », avait-elle déclaré, soulignant que le Fonds qui porte son nom avait déjà contribué à hauteur de plus de six millions de dollars à l'éducation des filles dans ce pays.