L'envoyée spéciale des Nations unies pour les droits de la personne au Myanmar a prévenu jeudi que la violente opération militaire lancée contre les musulmans rohingya porte «tous les signes d'un génocide».

Yanghee Lee a déclaré aux journalistes qu'elle sera incapable de déterminer catégoriquement s'il s'agit d'un génocide tant qu'un tribunal international crédible n'aura pas examiné les preuves, «mais nous voyons les signes et ça évolue dans cette direction».

Près de 700 000 Rohingya ont fui à destination du Bangladesh depuis le début de la répression militaire, le 25 août.

Le gouvernement birman a refusé à Mme Lee la permission d'entrer au pays.

L'Associated Press a confirmé cinq charniers dont l'existence n'avait pas encore été rapportée dans le village de Gu Dar Pyin, au Myanmar, par l'entremise de multiples entrevues avec plus d'une vingtaine de survivants dans des camps de réfugiés au Bangladesh et de vidéos horodatées sur cellulaire.

Le gouvernement du Myanmar soutient régulièrement que des massacres comme celui à Gu Dar Pyin n'ont jamais eu lieu, et a reconnu uniquement l'existence d'un charnier avec dix «terroristes» dans le village de Inn Din.

Mais le reportage de l'AP montre un massacre militaire de civils, et laisse croire à la présence de plusieurs autres charniers avec beaucoup d'autres victimes.

Mme Lee affirme que les gestes des autorités birmanes «correspondent à des crimes contre l'humanité (et) (...) ce sont des signes de génocide».

Par ailleurs, un inconnu a lancé jeudi matin une bombe incendiaire de faible puissance dans la cour de la résidence de la chef birmane Aung San Suu Kyi, à Rangoon. L'attaque n'a causé que des dégâts mineurs. Mme Suu Kyi se trouvait à ce moment dans la capitale, Naypyitaw. La police recherche un homme.