Plusieurs groupes hindous radicaux ont brûlé des véhicules et vandalisé des boutiques mercredi à travers le nord de l'Inde dans une tentative d'empêcher la sortie d'un film de Bollywood qui leur déplait.

Des manifestations violentes, mais localisées ont éclaté dans des endroits de l'Haryana, du Gujarat, du Rajasthan et de l'Uttar Pradesh - États dirigés par les nationalistes hindous du BJP - à la veille de la sortie dans les salles obscures jeudi de «Padmaavat».

Quelques mouvements extrémistes religieux et de caste sont vent debout depuis des mois contre cette superproduction sur une mythique reine hindoue dont l'histoire se déroule au tournant du XIVe siècle, une controverse symptomatique des crispations politico-religieuses actuellement à l'oeuvre en Inde.

Ils accusent le film, qu'ils n'ont pas vu et en dépit des dénégations du réalisateur, de montrer une romance entre cette reine rajput et le conquérant musulman Ala ud-Din Khalji, qui s'est emparé de la forteresse de Chittorgarh en 1303.

À Etawah, en Uttar Pradesh, la police a chargé à les manifestants qui avaient forcé des commerçants à tirer leur rideau de fer. Des incidents ont éclaté dans deux autres villes de cette région aussi peuplée que le Brésil.

La principale autoroute entre la capitale New Delhi et celle du Rajasthan, Jaipur, a également été temporairement bloquée par un rassemblement. Les émeutiers ont brûlé un bus et lancé des pierres sur les forces de l'ordre.

La police a affirmé que la situation était sous contrôle et que la sécurité serait assurée pour la sortie du long-métrage, dans lequel figurent plusieurs vedettes de Bollywood.

Dans la nuit de mardi à mercredi au Gujarat, fief du premier ministre Narendra Modi, plusieurs centaines de détracteurs ont manifesté violemment à Ahmedabad. Une centaine de suspects y ont été interpellés.

«Ce sont des individus anti-sociaux qui essayent de perturber la paix de l'État. Ils seront traités avec fermeté», a déclaré à la presse Pradipsinh Jadeja, ministre de l'Intérieur du Gujarat.

Les opposants du film disent que la supposée romance entre les deux protagonistes heurterait les sensibilités de la caste rajput.

Face à l'agitation, plusieurs États contrôlés par le Bharatiya Janata Party (BJP) ont voulu bannir «Padmaavat» au nom de la protection de l'ordre public. Une interdiction qui a été rejetée par la Cour suprême, celle-ci estimant qu'elle enfreignait la liberté artistique.

En janvier l'année dernière, des membres du Rajput Karni Sena, un groupe de caste, avaient saccagé le set du tournage au Rajasthan. Son leader avait également offert une récompense de 50 millions de roupies (980 000$ CAD) à quiconque «décapiterait» le réalisateur ou l'actrice principale.

La plupart des historiens estiment que Padmaavati est une reine de légende, qui n'a jamais réellement existé.