Avant d'être exposés à une vague de répression militaire sans précédent, les Rohingya qui ont fui la Birmanie par centaines de milliers au cours des derniers mois faisaient l'objet d'un « déshumanisant » système d'apartheid.

Selon Amnistie internationale, qui publie un rapport exhaustif à ce sujet aujourd'hui, le système en question a été pensé pour rendre la vie des membres de cette minorité musulmane « aussi désespérante et humiliante que possible ».

« Bien que ces violations ne soient pas aussi visibles que celles qui ont fait la manchette au cours des derniers mois, elles sont toutes aussi horribles. Les sources originelles de la crise actuelle doivent être corrigées pour que cesse le cycle des abus », relève Anna Neistat, recherchiste pour l'organisation de défense des droits de la personne.

La Birmanie refuse de reconnaître les Rohingya comme des citoyens à part entière et intervient pour empêcher tout enregistrement formel de leur présence dans l'État de Rakhine, où ils sont traditionnellement concentrés.

Les membres de la communauté sont soumis depuis des années à de sévères restrictions dans leurs déplacements qui reviennent à les placer dans une sorte de « prison à ciel ouvert ». L'accès aux services de santé et à l'éducation est limité. Et l'utilisation des terres et des rivières dont ils dépendent pour subvenir à leurs besoins est fréquemment interdite, les condamnant à la misère économique.

« Ce système aberrant de discrimination et de ségrégation affecte tous les aspects de la vie des Rohingya et demeurera en place longtemps après la campagne militaire en cours si des mesures ne sont pas prises immédiatement pour le démanteler. »

- Anna Neistat

Les réformes assurant le respect des droits des membres de la communauté musulmane sont rendues très difficiles, selon Amnistie internationale, par l'attitude intransigeante de l'armée, qui conserve la main haute sur plusieurs ministères jouant un rôle-clé dans la répression en cours.

Un rapport interne de l'armée produit à la mi-novembre concluait que les forces de sécurité n'ont commis aucune violation des droits de l'homme dans l'État de Rakhine. Les Nations unies affirment pour leur part que la répression en cours s'apparente à un nettoyage ethnique.

Photo A.M. Ahad, Associated Press

Camp de réfugiés rohingya de Kutupalong, au Bangladesh