Les États-Unis ont appelé jeudi le Cambodge à «annuler ses récentes mesures» contre le principal parti d'opposition dissous quelques heures plus tôt par la Cour suprême à la demande du gouvernement de l'inamovible Premier ministre Hun Sen.

La tension est, depuis des mois, très forte dans ce pays d'Asie du Sud-Est, dirigé depuis 32 ans par Hun Sen que les défenseurs des droits de l'Homme accuse de vouloir faire place nette avant des législatives cruciales en juillet 2018.

Début septembre, le chef du Parti du sauvetage national du Cambodge (CNRP), le principal parti d'opposition a été inculpé pour «trahison et espionnage», passibles de 30 ans de prison.

«Nous appelons le gouvernement royal du Cambodge à annuler ses récentes mesures contre le CNRP, à libérer le dirigeant du CNRP, Kem Sokha, et à permettre aux partis d'opposition, à la société civile et aux médias de maintenir leurs activités», a demandé la Maison-Blanche dans un communiqué publié jeudi soir.

Jeudi, la Cour suprême a également interdit plus d'une centaine de membres du parti de vie politique pendant cinq ans, privant ainsi durablement le pays de toute opposition.

Dénonçant «un retour en arrière du développement démocratique» du Cambodge, les États-Unis ont annoncé qu'ils allaient mettre un terme au soutien apporté au Comité électoral national cambodgien.

Dans le contexte actuel, «l'élection de l'année prochaine ne sera ni légitime, ni libre, ni juste.»

Pour Hun Sen, cette décision est au contraire «garante de paix». Il a expliqué jeudi que les élections se dérouleraient comme prévu.

À 65 ans, Hun Sen, homme fort du Cambodge depuis 32 ans, se dépeint comme la seule personne qui peut apporter la stabilité et la prospérité dans un pays toujours marqué par la guerre civile et le génocide perpétré par les Khmers rouges.

Le Cambodge, où trois millions de personnes vivent encore sous le seuil de pauvreté, est devenu ces dernières années l'une des économies les plus dynamiques d'Asie du Sud-Est.