Le président américain Donald Trump a offert dimanche sa médiation dans le conflit territorial qui oppose notamment le Vietnam à Pékin sur la mer de Chine méridionale, au risque de froisser les autorités chinoises.

Le président américain est arrivé dimanche en fin d'après-midi à Manille pour assister au sommet de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (Asean) jusqu'à mardi.

En quittant Hanoï, la précédente étape de son marathon diplomatique asiatique, Donald Trump a proposé sa médiation dans les tensions récurrentes avec Pékin en mer de Chine méridionale, une zone considérée comme riche en hydrocarbures par où transitent chaque année pour 5000 milliards de dollars de marchandises.

«Si je peux servir d'intermédiaire ou d'arbitre, faites-le moi savoir... Je suis un très bon médiateur», a-t-il déclaré au cours d'une conférence de presse à Hanoï.

La réponse de Pékin ne s'est pas fait attendre : quelques heures après, l'agence officielle de presse Chine nouvelle a annoncé que la Chine et le Vietnam étaient arrivés à un «consensus» sur la gestion de leurs différends dans la zone, à l'occasion d'un entretien à Hanoï entre les dirigeants de ces deux pays Xi Jinping et Nguyen Phu Trong.

Les deux parties «sont parvenues à un important consensus (...) pour gérer les questions maritimes de façon adéquate» et «s'efforcer ensemble de maintenir la paix et la stabilité en mer de Chine méridionale», écrit Chine nouvelle sans plus de détails.

La Chine revendique comme sienne la majeure partie de la mer de Chine méridionale, où des États riverains (Vietnam, Philippines, Malaisie et Bruneï) ont des prétentions concurrentes.

«L'art du deal»

Depuis son arrivée au pouvoir fin 2012, Xi Jinping y a fait renforcer des récifs contrôlés par la Chine afin d'y construire des installations, notamment militaires (pistes d'atterrissage, armements). Et la Chine refuse toute implication de Washington dans ce dossier, les problèmes devant selon les autorités chinoises être réglés de façon bilatérale.

L'offre de médiation américaine n'a pas été saisie au vol par les Philippines, dont le président Rodrigo Duterte cherche à désamorcer les tensions avec Pékin sur la mer de Chine au profit de liens économiques plus étroits.

«Nous le remercions. C'est une offre très aimable et très généreuse parce que c'est un bon médiateur. C'est le maître dans l'art du deal», a observé le ministre philippin des Affaires étrangères Alan Peter Cayetano à propos de l'offre de Donald Trump.

«Aucun pays ne peut donner de réponse instantanée parce qu'une médiation implique tous les pays ayant ou non des revendications» territoriales sur la mer de Chine méridionale, a-t-il affirmé.

Les présidents philippin et chinois ont évoqué le sujet au cours d'un entretien samedi en marge du sommet du forum de l'Asie-Pacifique (Apec) à Danang, au Vietnam.

La question de la mer de Chine méridionale devrait être évoquée lundi à l'occasion d'une rencontre entre Rodrigo Duterte et Donald Trump, en marge du sommet de l'Asean.

Guerre contre la drogue

En revanche, selon le président philippin, son homologue américain se gardera bien d'évoquer la question des droits de l'Homme et la très controversée «guerre contre la drogue» qu'il livre dans son pays.

Plusieurs ONG ont exhorté M. Trump à parler de la sanglante campagne de M. Duterte contre les stupéfiants, qui a fait des milliers de morts dans l'archipel.

Selon le chef de l'État philippin, Donald Trump lui a au contraire adressé ses encouragements à l'occasion d'une brève rencontre cette semaine en marge du sommet de l'Apec. «Il a dit quelque chose du genre : «tu sais, tu gères cela très bien»», a dit M. Duterte aux journalistes dimanche matin à son retour à Manille.

Il a précisé que le président américain faisait référence à sa lutte contre la drogue, mais aussi aux opérations militaires contre des jihadistes affiliés au groupe État islamique dans le sud de l'archipel.

M. Duterte, 72 ans, a été élu en 2016 après avoir promis d'éradiquer le trafic de drogue en faisant abattre jusqu'à 100 000 trafiquants et toxicomanes présumés.

Depuis son arrivée au pouvoir voici 16 mois, la police a annoncé avoir abattu 3967 personnes. Des inconnus ont tué 2290 suspects dans des affaires de drogue. Des milliers d'autres personnes ont perdu la vie dans des circonstances non élucidées, selon les chiffres de la police.

Le président reste très populaire dans son pays, les Philippins estimant que la sécurité s'est améliorée sous sa présidence. Mais ses opposants l'accusent d'orchestrer des meurtres extrajudiciaires en masse, perpétrés par des policiers corrompus et des miliciens.

Photo Hoang Dinh Nam, REUTERS

Le président chinois Xi Jinping (à gauche) et le chef du parti communiste du Vietnam, Nguyen Phu Trong.