Le secrétaire d'État américain Rex Tillerson a défendu mercredi le «partenariat stratégique» renforcé que les États-Unis veulent développer avec l'Inde, dont il a loué «les valeurs» par opposition à la Chine, «une société non démocratique» dont il a critiqué le rôle dans la région.

«Nous aurons des relations importantes avec la Chine» au cours du «prochain siècle», mais «nous n'aurons jamais la même relation avec la Chine, une société non démocratique, que celle que nous pouvons avoir avec une grande démocratie», a-t-il déclaré lors d'une intervention consacrée aux liens américano-indiens.

Devant le think tank Center for Strategic and International Studies à Washington, le chef de la diplomatie a annoncé qu'il se rendrait la semaine prochaine en Inde, pour la première fois depuis l'arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche en janvier.

Il fera également étape au Pakistan, frère ennemi de l'Inde, a ensuite déclaré à des journalistes un haut responsable du département d'État.

Selon Rex Tillerson, la relation entre New Delhi et Washington est «construite sur des valeurs partagées»: «deux très grandes et importantes démocraties veulent partager le même avenir».

Il a longuement souligné l'opposition entre les deux puissances asiatiques rivales.

«La Chine, en se développant aux côtés de l'Inde, l'a fait de manière moins responsable, parfois en sapant l'ordre international et ses règles», a-t-il insisté, épinglant notamment les «actions provocatrices chinoises en mer de Chine méridionale». «Les États-Unis veulent des relations constructives avec la Chine, mais nous ne nous déroberons pas» là où «la Chine met à mal la souveraineté des pays voisins».

En conséquence, «le monde, et la région indopacifique en particulier, a besoin d'un partenariat fort entre les États-Unis et l'Inde», en matière économique, diplomatique et militaire, a-t-il estimé.

Pour cela, il a appelé les autorités indiennes à assumer pleinement leur rôle en matière de sécurité internationale, en renforçant leur armée et leur défense. Le ministre américain de la Défense Jim Mattis «a dit que les deux plus grandes démocraties du monde devraient avoir les deux plus grandes armées, je ne peux qu'approuver», a souligné le secrétaire d'État, en rappelant que Washington avait proposé de vendre plusieurs types d'armements à New Delhi.

Le président Trump avait déjà en août mis l'accent sur le rôle positif de l'Inde en présentant sa stratégie pour l'Afghanistan. Cela avait été perçu comme une manière de faire pression sur le Pakistan, parallèlement accusé d'être trop tendre vis-à-vis des talibans afghans.

«L'Inde est un partenaire pour la paix en Afghanistan et nous saluons ses efforts» pour «aider au développement» de ce pays, a réaffirmé mercredi Rex Tillerson. Quant au Pakistan, «nous attendons qu'il prenne des mesures décisives contre les groupes terroristes qui se trouvent sur son territoire», a-t-il martelé.

Selon le ministre américain des Affaires étrangères, un Afghanistan «stable et pacifique» contribuerait aussi à la stabilité du Pakistan, ce qui à son tour faciliterait une amélioration des relations tendues entre Islamabad et New Delhi.