Les Nations unies ont signalé, vendredi, une «augmentation spectaculaire» du nombre de musulmans rohingyas fuyant les violences en Birmanie pour se réfugier au Bangladesh.

Dans un communiqué, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) avance que 270 000 réfugiés ont quitté l'État de Rakhine, situé dans le nord du pays, depuis deux semaines.

Cette nouvelle estimation, confirmée par la porte-parole Vivian Tan, est considérablement plus élevée que celle de 164 000 réfugiés qui avait préalablement été établie.

Mme Tan a mentionné que ce chiffre est un estimé fondé sur les rapports d'agences qui sont activité dans le sud-est du Bangladesh où les réfugiés affluent.

La porte-parole a rappelé que les camps sont déjà remplis au maximum de leur capacité.

«C'est un nombre alarmant», a-t-elle dit. «Il y a une pression énorme sur les agences qui viennent en aide aux réfugiés pour trouver une solution pour les accueillir.»

Selon le HCR, les réfugiés installent désormais des abris de fortune le long des routes dans les régions d'Ukhiya et de Teknaf.

Cet exode massif a débuté le 25 août après que des insurgés rohingyas eurent attaqué des postes de police. L'armée a répliqué avec une «opération de nettoyage» disant vouloir chasser tout combattant rebelle qui pourrait se terrer dans un village de l'État de Rakhine.

Le gouvernement de la Birmanie affirme que près de 400 personnes ont été tués dans des affrontements causés par les insurgés, bien que les Rohingyas maintiennent que les militaires les ont attaqués et ont détruit leurs villages.

Washington ne blâme pas Aung San Suu Kyi

Washington veut travailler avec les autorités birmanes à la résolution de la crise des Rohingyas, mais ne blâme pas le gouvernement d'Aung San Suu Kyi pour les violences qui font massivement fuir les membres de cette minorité musulmane, a déclaré vendredi un responsable américain.

Les États-Unis avaient déjà énoncé jeudi leurs priorités face à cette crise: favoriser l'accès humanitaire et médiatique à l'État Rakhine, dans le nord-ouest de la Birmanie, et appel à toutes les parties, y compris l'armée, à apaiser les tensions.

Au moins 270 000 Rohingyas, selon l'ONU, se sont réfugiés au Bangladesh depuis la vague de violences déclenchée, fin août, par des attaques contre la police de la part d'une rébellion qui dit vouloir défendre les droits bafoués de cette minorité.

«Nous continuons de condamner des attaques de plusieurs sortes, contre les forces de sécurité, contre les civils mais aussi menées par des civils», a expliqué vendredi à des journalistes Patrick Murphy, chargé de l'Asie du Sud-Est au département d'État américain. Si les forces de sécurité doivent intervenir à la suite de ces attaques, elles doivent le faire «dans le respect de la loi et des droits de l'homme», a-t-il insisté.

«Nous appelons à une cessation de la violence et des tensions qui engendrent la violence.» Pour cela, les États-Unis discutent avec le gouvernement civil d'Aung San Suu Kyi mais aussi avec l'armée qui, a-t-il souligné, a un «rôle prééminent» dans cette région.

L'ambassadrice des États-Unis à l'ONU Nikki Haley a aussi rappelé aux forces de sécurité birmanes, dans un communiqué, que «les attaques contre les civils ne feront que perpétuer la violence sur le terrain et éloigner tout espoir d'une solution de long terme».

Pour autant, Washington ne souhaite pas blâmer la prix Nobel de la paix, sous pression internationale pour résoudre cette crise.

«Le nouveau gouvernement a hérité de défis énormes», parmi lesquels la situation dans l'État Rakhine, a expliqué Patrick Murphy. «C'est un problème qui dure depuis de très nombreuses années, et le nouveau gouvernement a été aux prises avec cette situation dès sa prise de fonctions.»

Le haut responsable américain a refusé de parler de «sanctions» ou même de «pressions» sur le gouvernement birman.

«Notre approche c'est un partenariat pour les aider», «nous voulons travailler avec le gouvernement», «y compris dans une situation très complexe comme celle de l'État Rakhine», a-t-il plaidé.

Selon lui, les discussions avec les autorités civiles sont «productives» et les États-Unis ont trouvé «des partenaires de très bonne volonté au sein du gouvernement, qui comprennent la situation».

Il a aussi rappelé que Aung San Suu Kyi avait elle-même installé en 2016 une commission internationale dirigée par l'ex-secrétaire général de l'ONU Kofi Annan qui a appelé fin août, dans ses recommandations, à donner plus de droits aux Rohingyas. «Aung San Suu Kyi et son gouvernement ont adopté ces recommandations», «c'est encourageant», «et maintenant nous les appelons à les mettre entièrement en oeuvre», a dit Patrick Murphy.