La nouvelle reine thaïlandaise du twerk, une danse aux déhanchés très explicites, s'est attirée les foudres du chef de la junte au pouvoir à Bangkok, adepte des déclarations à l'emporte-pièce qui y voit la mauvaise influence des «étrangers».

À trois reprises en moins d'une semaine, Prayut Chan-o-Cha a critiqué la jeune chanteuse de musique country Lamyai Haithongkham.

«Ce n'est pas parce que des étrangers le font que nous devons le faire», a-t-il ainsi déclaré aux journalistes vendredi dernier lors de sa première tirade sur le sujet.

«Vu comment elle danse, elle va bientôt montrer ses organes génitaux. Je ne veux pas en parler, les gens diront que je suis fou. Mais je veux qu'on fasse quelque chose pour résoudre ce problème», a-t-il ajouté.

À 18 ans, Lamyai Haithongkham est une star dans le pays et les vidéos de ses spectacles ont obtenu plus de 240 millions de vues au cours des six derniers mois.

Son gérant a finalement promis de modifier les chorégraphies après les déclarations de l'homme fort du pays, au pouvoir depuis mai 2014 grâce à un coup d'État.

«Maintenant que le premier ministre a mentionné son nom, nous allons réduire le nombre de mouvements et modifier sa garde-robe», a expliqué mercredi à l'AFP Prachakai Naowarat, le gérant.

La Thaïlande est l'une des premières destinations au monde pour le tourisme sexuel, mais reste pourtant une société très conservatrice.

Mardi, un porte-parole du gouvernement a défendu les propos du chef de la junte expliquant que ce type de danse était à l'origine de crimes comme «le viol, le meurtre et la prostitution».

«Si nous n'essayons pas d'éviter les actes provocateurs et indécents, ces problèmes ne disparaîtront jamais», a déclaré Sansern Kaewkumnerd.

Prayut Chan-o-Cha est un habitué des déclarations sur les femmes. En février 2016, il avait expliqué que l'égalité entre les sexes allait «détériorer la société thaïe».

«Les femmes sont faites pour être mères, celles qui donnent la vie (...), mais hors de la maison, au travail, nous sommes les patrons», avait-il expliqué.

Et en septembre 2014, il avait choqué le monde en affirmant, après le viol et le meurtre d'une jeune Britannique: «peuvent-elles être en sécurité en bikini (...) à moins de ne pas être jolies?». Face au tollé, il avait présenté des excuses.

PHOTO PORNCHAI KITTIWONGSAKUL, archives AFP

Prayut Chan-O-Cha