L'ex-vedette américaine du basketball Dennis Rodman est arrivé mardi à Pyongyang pour une nouvelle visite controversée, affirmant vouloir «ouvrir une porte» vers le régime reclus, et avançant que Donald Trump approuvait probablement sa démarche.

Connu autant pour ses excentricités, ses tatouages et ses coupes de cheveux multicolores que pour ses cinq titres en NBA, Dennis Rodman avait été très critiqué pour s'être rendu plusieurs fois en Corée du Nord, en 2013 et 2014, avec d'autres anciennes vedettes du championnat nord-américain de basket.

Coiffé d'une casquette de baseball, lunettes de soleil sur le nez, le quinquagénaire aux multiples piercings a été accueilli à l'aéroport de Pyongyang par le vice-ministre des Sports Son Kwang Ho et des journalistes.

Il arborait un t-shirt noir flanqué du logo de PotCoin, une cryptomonnaie utilisée dans le commerce légalisé du cannabis et commanditant son voyage.

«J'essaie juste d'ouvrir une porte», avait déclaré à la presse l'ex-partenaire de Michael Jordan aux Chicago Bulls, avant d'embarquer à Pékin sur un vol de la compagnie nord-coréenne Air Koryo.

Prié de dire s'il avait parlé au président américain avant d'entamer cette nouvelle mission de «diplomatie du basket», il a répondu: «Je suis à peu près sûr qu'il est plutôt content du fait que je sois ici en train d'essayer d'accomplir quelque chose dont nous avons tous les deux besoin.»

Il s'agit au moins de la cinquième visite en Corée du Nord de l'ancienne vedette de NBA âgée de 56 ans et devenue depuis une tête de gondole pour des marques de vodka ou des sites internet de jeu.

«Ami pour la vie»

Celui qui était surnommé «The Worm» («Le Ver») quand il excellait sur les parquets s'était en 2014 attiré une avalanche de critiques pour avoir chanté «Bon anniversaire» à son «ami pour la vie», le dirigeant Kim Jong-Un.

Ce voyage intervient dans un contexte tendu sur la péninsule, en raison de l'accélération des programmes balistique et nucléaire de Pyongyang, à laquelle le nouveau président américain Donal Trump a menacé de riposter par la force militaire. Pyongyang détient en outre quatre ressortissants américains.

Un responsable de l'administration Trump a affirmé sur Fox News que M. Rodman effectuait ce voyage «à titre privé».

Dennis Rodman demeure un des rares Occidentaux à avoir rencontré Kim Jong-Un, qui a succédé fin 2011 à son père Kim Jong-Il.

On ignore dans l'immédiat si l'ancien des Pistons de Detroit et des Spurs de San Antonio rencontrera le dirigeant trentenaire, qui passe lui-même pour un passionné de basket, et particulièrement des Bulls.

La vedette américaine, considérée comme l'un des meilleurs défenseurs de l'histoire, avait notamment effectué en 2013 une visite en Corée du Nord au cours de laquelle un match de basket avait été disputé entre une équipe nord-coréenne et une formation américaine composée en partie de joueurs des Harlem Globetrotters.

Sur les images de cette rencontre, on y voyait Rodman applaudissant et riant à côté d'un Kim Jong-Un visiblement aux anges.

Le basketteur avait créé la polémique lors d'une autre visite en Corée du Nord en 2014 en laissant entendre que le missionnaire américain Kenneth Bae, détenu dans ce pays et que le département tentait de faire libérer, pouvait être coupable. Il avait ensuite présenté ses excuses.

Ces voyages ont causé de vives controverses aux États-Unis, où certains accusaient les joueurs de sympathiser avec le dirigeant d'un régime totalitaire.

Soutien déclaré de Donald Trump lors de la dernière présidentielle, Dennis Rodman connaît également l'actuel président américain pour avoir participé, quand ce dernier était animateur de téléréalité, à son émission «The Celebrity Apprentice».

Politico avait rapporté en 2013 que Donald Trump avait qualifié Rodman d'«intelligent» pour son voyage en Corée du Nord.

Pour autant, Daniel Pinkston, professeur à la Troy University, a estimé que contrairement à certaines spéculations de médias américains, Dennis Rodman n'effectuait pas à Pyongyang une mission de diplomatie parallèle pour la Maison-Blanche.

«Je ne pense pas que cela en soit une, mais Dennis connaît Trump et il connaît Kim», a-t-il dit. «Ce n'est pas quelque chose d'organisé dans lequel la Maison-Blanche, le département d'État lui diraient: "Porte cette enveloppe, dis telle chose"».