La police a poursuivi lundi au Bangladesh le coup de filet entamé la veille contre des islamistes, arrêtant au moins dix militants présumés du groupe djihadiste interdit Jamayetul Mujahideen Bangladesh (JMB) et saisissant des armes, des vestes d'explosifs et de la documentation sur le djihad.

Les forces antiterroristes du Bataillon d'action rapide (Rapid Action Battalion, RAB) visent ainsi pour le deuxième jour consécutif ce groupe incriminé dans l'attaque d'un café l'an dernier à Dacca où 22 personnes, dont 18 étrangers, avaient trouvé la mort.

Parmi les personnes arrêtées figure Shaykh Mamunur Rashid, 34 ans, enseignant dans un internat islamique de Dacca et accusé d'avoir traduit de la littérature extrémiste pour «motiver» de jeunes recrues, a expliqué un porte-parole du RAB, Mufti Mahmud Khan.

«Il déformait l'interprétation du Coran et travaillait à répandre la propagande dans le pays», a poursuivi M. Khan devant la presse.

Six jeunes hommes âgés de 19 à 23 ans ont également été arrêtés à Dacca avec des clefs USB contenant de la documentation islamiste. Ils préparaient «le meurtre d'intellectuels musulmans progressistes s'élevant contre l'extrémisme», a affirmé Masudur Rahman, porte-parole.

Dans le district de Rajshahi (nord-ouest), la police a fait une descente dans un repaire extrémiste et saisi deux vestes d'explosifs et des fusils, a indiqué à l'AFP le responsable local de la police, Khurshid Hossain. Trois suspects ont été arrêtés sur place.

«Nous ne pouvons encore confirmer s'il y avait davantage d'explosifs dans la maison. Nos experts vont prochainement la passer au peigne fin», a ajouté M. Hossain.

Ces arrestations interviennent au lendemain de la capture par le RAB d'Imran Ahmed, 37 ans, directeur d'une usine textile et accusé d'occuper une position-clef de décideur au sein du JMB.

Le Bangladesh est engagé dans une vaste campagne de répression contre les groupes djihadistes, responsables ces dernières années de nombreuses attaques contre des athées, étrangers et minorités.

Le groupe djihadiste État islamique (EI) et Al-Qaïda ont revendiqué plusieurs de ces attaques, mais la première ministre Sheikh Hasina en a rejeté la responsabilité sur des groupes locaux comme le JMB. Les autorités nient la présence de tout groupe djihadiste international dans le pays.

La montée de l'extrémisme islamiste pose un danger grandissant pour le Bangladesh, où le pourrissement d'une interminable crise politique a conduit à la radicalisation de l'opposition au gouvernement.

Depuis l'attentat contre le café Holey Artisan Bakery le 1er juillet 2016, les forces de sécurité ont tué quelque 70 islamistes dont l'un, possédant la double nationalité canadienne et bangladaise, avait été présenté comme le chef d'une nouvelle faction du JMB et «le cerveau de l'attaque».