La Corée du Nord a affirmé lundi avoir réussi un tir de missile à moyenne portée au mépris des sanctions des Nations unies, nouveau pas dans sa quête pour mettre au point un engin intercontinental capable de frapper des cibles américaines.

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un a supervisé le tir dimanche du Pukguksong-2, le déclarant prêt à l'emploi.

Ce tir a suscité un nouveau concert de condamnations internationales, Washington, Séoul et Tokyo dénonçant ce nouveau lancement et réclamant une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU qui aura lieu mardi.

Le Nord, qui a procédé à une dizaine de tirs depuis le début de l'année, avance à grands pas dans ses efforts pour mettre au point un missile balistique intercontinental (ICBM) capable de porter le feu nucléaire sur le continent américain.

Le président américain Donald Trump a assuré que cela ne «se produirait pas».

Ajoutés aux craintes d'un sixième essai nucléaire après les deux tests de 2016, ces lancements ont tendu la situation avec la Maison-Blanche, qui a dit que l'option militaire était sur la table.

Le Pukguksong-2 est alimenté par du combustible solide qui permet une mise à feu immédiate, selon KCNA.

Cette technologie raccourcit considérablement le délai dans lequel pourrait avoir lieu une intervention pour empêcher des tirs. Washington devrait prendre beaucoup plus vite une décision de cette nature.

Jusqu'à présent, la plupart des missiles tirés par Pyongyang utilisent du combustible liquide, synonymes de ravitaillement plus long.

Kim Jong-Un a déclaré «avec fierté» que l'engin était «très précis». Le dirigeant nord-coréen a «approuvé le déploiement opérationnel de ce système d'armes», ajoute KCNA.

«La Terre est belle»

Sur des photographies parues dans le Rodong Sinmun, porte-voix du parti unique au pouvoir, on peut voir Kim Jong-Un, tout sourire, en train d'applaudir au spectacle du décollage du missile.

Le journal publie aussi des photos de la Terre dont il affirme qu'elles ont été prises par le missile depuis l'espace, les premières images du genre jamais publiées par le Nord.

Le dirigeant nord-coréen a estimé que la «Terre est belle» et ordonné que l'engin soit «rapidement produit en série», poursuit KCNA.

Le missile a parcouru environ 500 kilomètres avant de s'abîmer en mer du Japon, selon les forces armées sud-coréennes.

D'après KCNA, le Nord a utilisé la technique dite du lancement froid, où le missile est d'abord éjecté grâce à du gaz comprimé avant que son moteur ne s'allume dans les airs. Cette technique est considérée comme plus sûre et le site de lancement est plus facile à cacher.

Ce tir survient une semaine après le lancement par Pyongyang d'un missile Hwasong-12, qui avait parcouru environ 700 kilomètres. La Corée du Nord avait assuré que cet engin était capable de transporter une ogive nucléaire.

«Dialogue»

D'après les analystes, ce missile avait une portée sans précédent, de 4500 kilomètres, mettant théoriquement en péril les bases américaines de l'île de Guam dans le Pacifique. La Corée du Nord pourrait se servir du Hwasong comme socle pour développer un ICBM.

Il est peu probable que le tir du Pukguksong-2 soit le dernier, prévient Kim Dong-Yub, spécialiste des missiles à l'Institut des études extrêmes orientales à l'Université Kyungnam.

«Tout ceci conduira au bout du compte à la mise au point d'un ICBM à combustible solide».

Même s'il y a eu des échanges de rhétorique enflammée entre Pyongyang et Washington, les États-Unis semblent pencher pour l'heure pour les sanctions et les pressions diplomatiques, se tournant vers la Chine, le principal allié de Pyongyang, pour qu'elle l'aide à refréner les ardeurs nucléaires de son voisin.

Pékin a une nouvelle fois appelé lundi toutes les parties «au dialogue» et à éviter «les provocations».

Le nouveau président sud-coréen Moon Jae-In a quant à lui une position plus conciliante envers le Nord que le précédent gouvernement conservateur, mais a réagi avec colère aux deux derniers tirs.

Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères a dénoncé un acte «irresponsable» qui «refroidit les espoirs du nouveau gouvernement et de la communauté internationale» d'assister à la dénucléarisation du Nord.

Pyongyang dispose de longue date d'engins capables d'atteindre le Japon et la Corée du Sud et les Sud-Coréens ont l'habitude des menaces d'apocalypse nucléaire brandies par leur voisin.

Mais certains habitants commencent à ressentir de l'inquiétude. «Chaque fois que la Corée du Nord tire un missile, je suis nerveux», dit Yoon Shing-Hong. «On ne sait pas quand une guerre pourrait éclater, c'est éprouvant pour les nerfs».