Au moins 17 personnes ont été tuées vendredi dans un attentat-suicide visant un sénateur dans la province instable du Baloutchistan au Pakistan, qui a été revendiqué par le groupe État islamique (EI).

Un fonctionnaire local et une source policière ont confirmé que l'explosion avait été provoquée par un kamikaze circulant à moto.

Le groupe djihadiste État islamique a revendiqué l'attentat dans un communiqué diffusé via son agence de propagande AMAQ, affirmant qu'il avait été commis par « un kamikaze de l'EI porteur d'une ceinture d'explosifs [et visait] le convoi du vice-président du Sénat Abdul Ghafoor Haideri ».

M. Haideri, qui est été blessé, est un haut responsable du parti religieux Jamiat Ulema-e-Islam Fazl (JUI-F), l'un des plus influents du pays. Son organisation a été visée par les talibans pakistanais dans le passé.

« Je suis vivant. Allah m'a sauvé la vie », a témoigné le sénateur Haidari à la télévision. « C'était une explosion soudaine, des morceaux du pare-brise m'ont frappé. Je suis blessé mais vivant. Le chauffeur et d'autres gens assis près de moi ont été grièvement blessés », a-t-il ajouté.

Selon un responsable hospitalier, le bilan, initialement établi à 10 morts, a grimpé à 17 morts et plus de 30 blessés.

Le convoi se trouvait au moment de l'explosion dans le district de Mastung, à environ une heure de route à l'est de la capitale provinciale Quetta, dans le sud-ouest du pays.

Sur le lieu du drame, un photographe de l'AFP a vu des rescapés couverts de sang ramasser des morceaux de corps parmi les débris et les voitures soufflées par l'explosion.

Des forces armées et une équipe de déminage ont été déployées sur place et près d'une école coranique proche, où le convoi devait se rendre pour une cérémonie de remise de diplômes. Des drapeaux aux couleurs des pays d'origine des étudiants de l'école, pakistanais, chinois, afghan et bangladais, avaient été érigés à l'avance sur le bâtiment.

En février, un attentat-suicide revendiqué par le groupe État Islamique avait fait au moins 70 morts dans un sanctuaire soufi du sud du Pakistan.

Le Baloutchistan est la plus vaste et la plus pauvre des provinces du pays en dépit d'importantes ressources énergétiques, et fait également face à d'immenses défis sécuritaires. Secouée par des insurrections islamiste et séparatiste, elle est fréquemment en proie à des attentats meurtriers.

Frontalier de l'Iran et de l'Afghanistan, le Baloutchistan doit notamment être l'un des bénéficiaires du projet de corridor économique sino-pakistanais (CPEC), une vaste liaison routière, énergétique et de télécommunications en cours de construction. Le Pakistan compte énormément sur ces projets conjoints pour donner un coup de fouet à son économie.

PHOTO JOHN MACDOUGALL, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Le vice-président du Sénat pakistanais, Maulana Abdul Ghafoor Haidari