Le parquet de Corée du Sud a annoncé mercredi avoir convoqué la présidente destituée Park Geun-Hye pour l'interroger sur le retentissant scandale de corruption qui a précipité sa descente aux enfers.

Mme Park, 65 ans, est soupçonnée d'avoir été la complice de la confidente de l'ombre au coeur de cette affaire de corruption et de trafic d'influence qui secoue la Corée du Sud depuis de longs mois.

En confirmant vendredi sa destitution, la Cour constitutionnelle l'a privée du même coup de l'immunité présidentielle qui la protégeait d'éventuelles poursuites.

L'ex-chef de l'État devra se rendre mardi prochain dans les bureaux du parquet à Séoul, selon un porte-parole.

«Nous avons envoyé la convocation (...) à l'avocat de Mme Park ce matin (mercredi). La date est fixée à 9 h 30 le 21 mars», a-t-il dit dans un communiqué.

Sa défense a annoncé qu'elle allait «coopérer» avec l'enquête.

Lorsqu'elle était présidente, Mme Park avait refusé de répondre aux questions des enquêteurs spéciaux qui étaient chargés des investigations, en dépit de leurs demandes répétées en ce sens.

De la même manière, la Cour constitutionnelle qui examinait la motion de destitution adoptée par l'Assemblée nationale avait cherché en vain à l'entendre.

Mme Park deviendra ainsi le quatrième chef de l'État de Corée du Sud à être soumis aux questions des procureurs dans le cadre d'un scandale de corruption.

Trafic d'influence

Deux anciens dirigeants des années 1980 et du début des années 1990, Chun Doo-Hwan et Roh Tae-Woo, ont tous deux purgé des peines de prison pour corruption après leur départ du pouvoir.

Un autre ex-président, Roh Moo-Hyun, s'est suicidé en sautant d'une falaise en 2009 après avoir été entendu sur des pots-de-vin présumés.

Le scandale actuel est centré sur l'amie de 40 ans de Mme Park, Choi Soon-Sil, elle-même en procès.

Mme Choi est accusée de s'être servie de son entregent pour contraindre divers conglomérats sud-coréens, dont le mastodonte Samsung, à verser près de 70 millions de dollars à deux fondations sous son contrôle.

Mme Park, fille de l'ancien dictateur militaire Park Chung-Hee, est soupçonnée de collusion avec son amie. Il lui est reproché d'avoir accordé des faveurs politiques aux capitaines d'industrie qui s'étaient montrés généreux avec Mme Choi, parmi lesquels Lee Jae-Yong, l'héritier de Samsung.

M. Lee a été placé en détention provisoire et inculpé entre autres pour corruption.

L'ex-présidente est aussi accusée d'avoir laissé Mme Choi, qui n'avait ni fonction officielle ni habilitation de sécurité, se mêler des affaires de l'État, y compris en ayant son mot à dire sur la nomination de hauts responsables gouvernementaux ou de diplomates.

Une partie de la classe politique et des médias sud-coréens ont accusé Mme Park d'avoir adopté une attitude de défi face à la décision de la Cour constitutionnelle. À sa sortie dimanche de la Maison Bleue, la présidence sud-coréenne où elle vivait cloîtrée depuis des semaines, elle a déclaré aux partisans qui l'attendaient devant sa résidence privée: «la vérité éclatera un jour».

Mme Park avait été destituée le 9 décembre par l'Assemblée nationale. Des millions de Sud-Coréens étaient descendus dans la rue pour réclamer son départ.

La destitution définitive de Mme Park, qui a de nombreux soutiens parmi la frange la plus conservatrice et la plus âgée de la population ayant bénéficié de la croissance économique rapide en cours du temps de son père, a provoqué des manifestations parfois violentes.