Les rebelles communistes philippins ont annoncé qu'ils mettaient fin à un cessez-le-feu en vigueur depuis cinq mois, accusant le gouvernement du président Rodrigo Duterte de traîtrise et d'abus des droits de l'Homme.

Cette annonce survient après une troisième séance de négociations de paix visant à mettre fin à des décennies d'affrontements sanglants. Mais ces pourparlers se sont achevés la semaine dernière près de Rome sans accord sur une trêve définitive.

Le Parti communiste des Philippines (PCP) a dit mercredi qu'il restait favorable à des négociations de paix, mais a ordonné à ses 4000 combattants de reprendre le 11 février «ses campagnes militaires et offensives tactiques» contre les forces gouvernementales.

«Le gouvernement a traîtreusement tiré profit de la déclaration unilatérale de cessez-le-feu (de la rébellion) pour empiéter sur le territoire du mouvement démocratique du peuple», ont déclaré les rebelles dans un communiqué.

Selon eux, les militaires et policiers philippins se sont servis de la trêve pour «se livrer à des agissements hostiles», y compris des «violations des droits de l'Homme» dans les villages des zones rurales sous influence rebelle.

L'expérience montre «qu'il est possible de négocier tout en poursuivant le combat jusqu'à ce que des accords de fond soient trouvés sur les racines du conflit armé».

Consternation

Le gouvernement est «consterné» par cette annonce», a réagi Jesus Dureza, conseiller présidentiel pour les pourparlers de paix. Il a cependant souligné qu'il allait proposer à M. Duterte de continuer à respecter la trêve.

Un prochain round de pourparlers de paix, prévu le 2 avril à Oslo, aura bien lieu, a assuré la présidence.

La rébellion communiste, qui veut renverser le régime capitaliste dans l'archipel, où le fossé entre riches et pauvres est l'un des plus larges d'Asie, dure depuis 1968. Selon l'armée philippine, elle a fait 30 000 morts.

Après son arrivée au pouvoir fin juin, M. Duterte - qui se définit comme socialiste -, avait relancé des négociations de paix qui se déroulent par intermittence entre insurrection et pouvoir depuis 30 ans.

Les deux parties avaient déclaré séparément un cessez-le-feu en entamant des discussions à Oslo en août, trêve qui avait été peu ou prou respectée.

Les communistes avaient cependant prévenu qu'un accord de paix serait improbable avant 2019.

Les rebelles, qui demandent de longue date la libération de centaines d'insurgés comme préalable à toute concession majeure, reprochent au gouvernement de refuser d'accéder à cette exigence.

Rodrigo Duterte avait libéré 18 dirigeants rebelles pour permettre de relancer les discussions.