Le futur président américain Donald Trump «se tirera une balle dans le pied» s'il persiste à vouloir renforcer les relations des États-Unis avec Taïwan, considérée comme une île rebelle par la Chine, a averti lundi Pékin.

Taïwan est coupé politiquement du reste de la Chine depuis la fin de la guerre civile en 1949. Le territoire se gouverne seul, mais n'est pas reconnu par l'ONU. La Chine interdit ainsi à tout pays avec lequel elle a des relations diplomatiques d'en avoir simultanément avec Taïwan: c'est le principe de la «Chine unique».

Mais dans un entretien au journal Wall Street Journal la semaine dernière, Donald Trump a indiqué être prêt à le remettre en cause, estimant que «tout était sur la table, y compris la Chine unique».

À la mi-décembre, M. Trump avait déjà menacé de ne plus reconnaître ce principe, pourtant respecté par les États-Unis depuis 1979, lorsque Washington avait coupé ses liens officiels avec Taïwan.

«Qui que ce soit et quels que soient les objectifs recherchés, si quelqu'un tente de violer le principe de la Chine unique, ou a l'illusion de pouvoir s'en servir comme levier commercial, il fera face à l'opposition générale du gouvernement et du peuple chinois, ainsi que de la communauté internationale», a jugé lundi la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Mme Hua Chunying.

«Au final, il se tirera une balle dans le pied», a-t-elle conclu lors d'un point presse régulier, en usant d'une image chinoise signifiant littéralement «s'écraser les pieds avec la pierre qu'on voulait lancer».

La reconnaissance de la «Chine unique» n'est «pas négociable», avait déjà indiqué Pékin dimanche dans un communiqué.

La diplomatie chinoise est restée depuis les premières déclarations de M. Trump sur Taïwan relativement modérée. Mais la presse tire à boulets rouges sur le milliardaire républicain.

Lundi encore, le journal anglophone officiel China Daily a jugé dans un éditorial que le «risible» président élu américain «joue avec le feu» à propos de Taïwan.

«Si Trump persiste à utiliser ce stratagème après sa prise de fonctions, une période de relations houleuses et préjudiciables sera inévitable, car Pékin n'aura d'autre choix que de ne plus prendre de gants», a-t-il souligné, sans autre précision.

Le quotidien Global Times, réputé proche du pouvoir chinois, a lui jugé lundi que Donald Trump pourrait faire face à de «fortes mesures de riposte» de la part de Pékin.