Pékin est parvenu à arracher le petit État africain de Sao Tomé et Principe au club de la vingtaine de pays qui entretiennent des relations diplomatiques avec Taïwan, au moment où Donald Trump fait remonter la tension entre les deux gouvernements rivaux.

«Nous nous félicitons du retour de Sao Tomé et Principe sur la juste voie du principe de la Chine unique», a annoncé mercredi le ministère chinois des Affaires étrangères sur son site internet.

Taïwan, officiellement dénommé «République de Chine», est politiquement séparé de la République populaire de Chine depuis la prise du pouvoir par les communistes à Pékin en 1949. Au nom du «principe de la Chine unique», Pékin interdit à ses partenaires d'entretenir des relations diplomatiques avec l'île, qu'il considère comme une de ses provinces destiné à retourner dans son giron.

La décision de Sao Tomé ramène à 21 le nombre d'États qui entretiennent des relations avec Taïwan, dont le Vatican et deux pays africains, le Swaziland et le Burkina Faso. Les autres sont des petits pays d'Amérique centrale, des Caraïbes ou du Pacifique.

À Taïpei, le ministre des Affaires étrangères David Lee a qualifié la décision de Sao Tomé d'«irréfléchie» et a précisé que Taïwan fermerait son ambassade sur place et mettrait fin à tous ses projets de coopération avec l'île africaine.

Sao Tomé exigeait une somme «astronomique» d'aide financière, a ajouté le ministre lors d'une conférence de presse, disant se refuser à rentrer dans «des jeux d'argent».

Pékin et Taïpei se sont longtemps livrés à «une diplomatie du carnet de chèques» afin d'attirer des partisans parmi les pays pauvres. Après une accalmie, cette rivalité a repris en mars dernier lorsque Pékin a obtenu la reconnaissance de la Gambie, deux mois après la victoire à la présidentielle taïwanaise de Tsai Ing-wen, défavorable à un rapprochement avec le gouvernement chinois.

Mme Tsai a déclenché la colère de Pékin début décembre en obtenant un entretien téléphonique avec Donald Trump, qui a rompu ainsi avec l'habitude des présidents américains de ne pas entretenir de relations officielles avec les dirigeants taïwanais. Washington s'est en effet engagé à respecter le principe de la Chine unique en nouant des relations diplomatiques avec Pékin en 1979.

Le président élu des États-Unis a jeté de l'huile sur le feu en déclarant depuis qu'il ne se sentait pas tenu par le principe de la Chine unique.