Le très populaire Premier ministre néo-zélandais John Key a annoncé lundi de manière inattendue sa démission, déclarant qu'il était temps pour lui de partir après huit ans à son poste et évoquant des raisons familiales.

L'ancien courtier de Merrill Lynch âgé de 55 ans a parlé lors d'une conférence de presse de la décision «la plus difficile» qu'il ait jamais prise, affirmant qu'il ne savait pas ce qu'il allait faire ensuite, à part passer plus de temps avec sa famille.

«Etre le leader du parti et du pays a été une expérience incroyable», a déclaré M. Key, qui vient de fêter son huitième anniversaire à la tête du gouvernement et son dixième à la tête du National Party (centre-droit).

«Malgré mon expérience extraordinaire en politique, je ne me suis jamais considéré comme un politicien de carrière», a ajouté celui qui était entré relativement tard en politique, devenant député en 2002.

Son parti doit se réunir dans les prochains jours pour élire un nouveau dirigeant, le vice-Premier ministre Bill English faisant figure de favori.

Les sondages annonçaient pourtant M. Key gagnant lors des élections de l'an prochain. Cette quatrième victoire de suite aurait constitué un record.

«Si vous vous maintenez (au pouvoir) pour battre des records, alors vous restez pour les mauvaises raisons», a cependant déclaré ce fils d'une veuve désargentée devenu multi-millionnaire.

Les dirigeants qui ne partent pas 

«Cela a été une expérience incroyable et un véritable privilège, et je pense que je mourrai heureux, tout en espérant que cela interviendra dans longtemps», a déclaré M. Key.

«Mais les bons dirigeants savent quand il faut partir et mon heure est venue», a-t-il dit.

Il a indiqué que l'une des principales raisons de son départ était sa volonté de passer davantage de temps avec son épouse Bronagh et leurs enfants Stephanie et Max, tout en laissant entendre qu'il y avait d'autres motifs, qu'il n'a pas précisés.

«Il serait facile de dire que j'ai pris cette décision uniquement pour redécouvrir la vie personnelle et familiale que j'avais auparavant, et c'est effectivement un facteur, mais c'en est un parmi beaucoup d'autres», a déclaré M. Key.

«Au fil des années, j'ai vu beaucoup de dirigeants qui, dans une position similaire, ne faisaient pas ce pas (de quitter le pouvoir, ndlr). Je peux comprendre pourquoi. C'est un travail qu'il est difficile de quitter», a poursuivi le Premier ministre.

M. Key, qui a su séduire avec son humeur affable, son charme décontracté et sa détermination d'acier, avait pris la direction du National Party en 2006.

En 2008, il mettait fin à neuf ans de pouvoir du Parti travailliste en privant la Première ministre Helen Clark d'une quatrième victoire électorale d'affilée.

Il a fait ses preuves lors de son premier mandat dans la gestion d'une série de graves crises, parmi lesquelles le séisme dans sa ville natale de Christchurch qui a fait 185 morts en février 2011.

Il a également maintenu l'économie à flot lors de la crise financière de 2008 sans recourir à des coupes franches dans les dépenses publiques, en bénéficiant pleinement de l'appétit chinois pour les matières premières et les produits laitiers de la Nouvelle-Zélande.

En dépit des revers essuyés ces dernières années par le secteur laitier, la croissance économique néo-zélandaise est demeurée soutenue (plus 3,6% en 2015/16) et le pays a renoué pour la première fois depuis 2008 avec un excédent budgétaire.

«Le Premier ministre a servi la Nouvelle-Zélande pendant une période d'instabilité mondiale considérable, et quittera la politique en étant fier de ses réalisations», a déclaré dans un tweet le chef de l'opposition travailliste, Andrew Little.

«Dis-moi que c'est pas vrai, mon frère», a déclaré le Premier ministre australien Malcolm Turnbull dans un SMS à son homologue.

M. Key aura toutefois échoué à faire adopter un projet qui lui tenait à coeur: éliminer l'Union Jack britannique du drapeau national et le remplacer par la fougère des All Blacks.