Les dirigeants de l'île de Nauru, un minuscule État du Pacifique Sud, n'ont pas enquêté adéquatement sur les crimes dont auraient été victimes les réfugiés qu'ils accueillent pour le compte de l'Australie, a accusé Amnistie internationale.

Le groupe londonien de défense des droits de la personne affirme qu'aucun résidant de ce petit pays ne semble avoir été inquiété par la justice, même si les quelque 1160 réfugiés qui s'entassent sur l'île font état de dizaines d'agressions sexuelles et physiques.

Amnistie dit avoir reçu des informations confidentielles qui démontrent qu'aucune accusation n'a été déposée pendant les deux années se terminant en septembre 2016, concernant des réfugiés ou des demandeurs d'asile qui dénonçaient les agressions, les viols et les vols dont ils auraient été victimes.

Le ministère australien de l'Immigration a répliqué que les allégations contenues dans le rapport avaient été réfutées précédemment. Il prétend ne jamais avoir été consulté par Amnistie internationale.

Plusieurs demandeurs d'asile originaires d'Afrique, d'Asie et du Moyen-Orient tentent de rejoindre l'Australie à partir de l'Indonésie. L'Australie cherche à les décourager en les envoyant vers des camps à Nauru et en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Même les véritables réfugiés sont prévenus qu'ils ne pourront jamais s'installer en Australie.

Le quotidien The Guardian a publié en août des documents qui témoignent de plus de 2000 agressions sexuelles ou physiques et incidents d'automutilation parmi les réfugiés coincés à Nauru. Ces allégations avaient été compilées par l'organisation caritative Save the Children entre mai 2013 et octobre 2015.

La commissaire adjointe de la police fédérale australienne a révélé lundi que 14 de ces allégations avaient été transférées à la police de Nauru et qu'un Nauruan avait été accusé d'agression physique. Neuf enquêtes ont été fermées faute de preuves, une plainte a été retirée et deux autres enquêtes se poursuivent.

Un dirigeant australien qui a visité Nauru la semaine dernière prétend que trois accusations formulées par des demandeurs d'asile sont actuellement devant la justice, mais il n'a pas fourni plus de détails.

Une enquêteuse d'Amnistie internationale a visité Nauru pendant cinq jours en juillet. Elle a alors rencontré 58 réfugiés et demandeurs d'asile, ou des gens qui leur viennent en aide.