Des parlementaires sud-coréens d'opposition ont bravé les consignes de Séoul en s'envolant lundi pour la Chine pour y discuter du déploiement en Corée du Sud du bouclier antimissile américain, qui a nettement tendu les relations avec Pékin.

La présidente sud-coréenne Park Geun-Hye avait exhorté les six élus à renoncer à ce voyage, en évoquant même à demi-mot leur manque de loyauté à l'égard du pays.

Washington et Séoul ont annoncé un accord sur le déploiement du bouclier antimissiles THAAD (Terminal High Altitude Area Defence) américain, face à la multiplication des menaces venues de Corée du Nord.

Condamné par Pyongyang, ce projet inquiète également Moscou et Pékin. La Chine voit dans le THAAD une menace pour son territoire, et une cause de l'aggravation des tensions sur la péninsule.

Ce projet risque donc de réduire à néant les efforts de Mme Park pour améliorer les relations avec la Chine, premier partenaire commercial de la Corée du Sud. En tant que plus proche allié de Pyongyang, Pékin peut en outre jouer un rôle crucial dans les efforts pour endiguer les ambitions nucléaires nord-coréennes.

Kim Young-Ho, un des six parlementaires du parti Minjoo qui s'est envolé pour Pékin, a affirmé que la seule motivation de la délégation était de calmer le jeu.

«Nous avons l'espoir de permettre un petit réchauffement des relations actuellement glaciales entre Séoul et Pékin», a-t-il dit avant de partir, selon l'agence Yonhap.

De son côté, Mme Park a estimé que cette visite pouvait être contre-productive et que les parlementaires frôlaient le manque de loyauté et d'esprit de responsabilité.

«Sur les questions de sécurité nationale, il ne devrait pas y avoir de divergence entre la majorité et l'opposition», a-t-elle dit lundi matin lors d'une réunion, selon son site officiel.

«Certains hommes politiques font des affirmations ridicules selon lesquelles le déploiement du THAAD ne fournira que de nouvelles excuses à la Corée du Sud pour se livrer à davantage de provocations, un argument qui est très proche de la position du Nord.»

Le déploiement du bouclier antimissile a été la raison de manifestations en Corée du Sud, notamment dans le comté très rural de Seongju, où la première batterie sera installée.

Ses habitants ont dénoncé les risques environnementaux et sanitaires associés à la présence de ce puissant système de radar, et dénoncé le fait qu'il faisait de leur région une cible militaire de première importance.