Des images de prisons philippines, montrant des conditions de détention cauchemardesques, ont suscité de nombreuses réactions, responsables politiques et ONG appelant le gouvernement à réformer le système pénal, débordé par la croisade antidrogue du nouveau président.

Des photos de l'AFP prises à la prison de Quezon, dans la banlieue nord de Manille, où des milliers de détenus entassés sont contraints de dormir dans des escaliers ou sur des sols de ciment et dans une crasse inimaginable, ont mis en lumière la gravité de la situation dans les prisons du pays.

«C'est une image tout droit sortie du Purgatoire de Dante», a déclaré Human Rights Watch, en référence à la description de cet auteur du 13e siècle du lieu où les âmes attendent d'être jugées.

«Des centaines d'hommes à moitié nus entassés par terre dans une chaleur accablante, tentant désespérément de dormir dans un espace aussi exigu que chaotique, c'est un instantané de la surpopulation terrifiante des prisons philippines», ajoute l'organisation de défense des droits de l'homme.

La situation à la prison de Quezon, qui compte 3950 détenus pour 800 places, n'a rien d'unique, souligne l'ONG basée à New York, beaucoup d'autres prisons du pays ne parvenant pas à respecter les minimums établis par les Nations Unies en matière d'alimentation et de conditions d'hygiène.

Depuis l'entrée en fonction il y a un mois du nouveau président Rodrigo Duterte, qui a fait de l'éradication de la drogue sa priorité numéro un, les forces de sécurité ont abattu des centaines de personnes et arrêté des milliers d'autres qui ont gonflé les effectifs de prisons déjà débordées.

La députée Leila de Lima a promis de demander au Sénat un état des lieux des conditions de détention dans le pays. «On ne peut pas espérer mettre en place des programmes valables pour réhabiliter des détenus dans des lieux aussi délabrés et surchargés», a-t-elle déclaré.

Selon le Bureau de gestion des prisons, interrogé par l'AFP, quelque huit milliards de pesos (soit 170 millions de dollars ou 150 millions d'euros) seraient nécessaires pour soulager des prisons qui accueillent en moyenne près de cinq fois plus de détenus que leur capacité.