Un tribunal indien a reconnu coupables jeudi 24 personnes du massacre de musulmans survenu en 2002 lors d'émeutes interreligieuses dans l'État du Gujarat (ouest) alors dirigé par le premier ministre Narendra Modi.

Le juge PB Desai les a reconnu coupables d'avoir massacré à coups de hache et brûlé 69 musulmans qui s'étaient réfugiés dans une résidence de la ville d'Ahmedabad pour échapper aux violences.

Ces émeutes ont fait plus de 1000 morts en quelques jours et ont longtemps valu l'opprobre à Narendra Modi pour son absence de réaction face aux violences, une accusation qu'il a toujours rejetée. La Cour suprême l'a exempté de toute responsabilité en 2012.

À l'annonce du jugement, des cris de joie ont retenti dans la salle d'audience, les victimes et leurs familles applaudissant et remerciant le juge de cette décision.

Le juge a acquitté 36 autres accusés par manque de preuves. L'accusation demandait la perpétuité pour tous les accusés et les peines seront connues ultérieurement, probablement la semaine prochaine.

«Je suis heureux, car 24 accusés ont été reconnus coupables, mais je suis triste, car 36 autres ont été acquittés. C'est une justice partielle, mais je me battrai jusqu'au bout», a réagi Zakia Jafri, dont le mari a été tué dans le massacre, devant les journalistes.

Selon sa veuve, Ehsan Jafri, qui était un parlementaire du parti du Congrès, a appelé la police à l'aide à plusieurs reprises, en vain.

Plus de 300 personnes ont témoigné lors de ce procès qui s'est déroulé sur plusieurs années à partir de 2009, de nombreux recours juridiques ayant ralenti son déroulement.

Ces violences dans le Gujarat avaient été déclenchées par la mort de 59 pèlerins hindous dans l'incendie d'un train le 27 février 2002, initialement imputé à des musulmans.

Ce drame déclencha des opérations de représailles de la part d'hindous visant les habitants des quartiers musulmans, l'un des pires épisodes de violences religieuses en Inde depuis l'indépendance.

Plus de 100 personnes ont déjà été condamnées pour ces émeutes, dont l'un des anciens ministres de Modi dans le Gujarat à l'époque des faits, reconnu coupable d'avoir organisé certains meurtres.

Rupa Mody, dont le fils a disparu pendant le massacre et le corps jamais retrouvé, explique avoir longtemps prié pour obtenir justice.

«Je veux qu'aucune mère ne souffre comme j'ai souffert en attendant son fils», a-t-elle dit sur la chaine NDTV. «Nous avons tellement souffert d'avoir été harcelés et notre maison détruite».

Ce procès n'a pu avoir lieu qu'après la décision en 2009 de la Cour suprême de rouvrir l'enquête sur ces faits.

Un an après, le processus avait de nouveau été suspendu par une requête demandant une nouvelle enquête sur la responsabilité de Narendra Modi et d'autres personnalités dans ces faits. Cette suspension n'a été levée qu'il y a un an, après le rejet de cette dernière requête.