Les États-Unis ont dénoncé mardi un «climat d'intimidation» qui serait l'oeuvre des autorités de la junte militaire en Thaïlande, à propos d'une série d'affaires de lèse-majesté dans ce royaume d'Asie du sud-est allié militaire historique de Washington.

Le département d'État a réagi auprès de l'AFP sur le cas d'une Thaïlandaise, mère de l'un des opposants les plus connus des militaires, qui a été arrêtée samedi pour lèse-majesté.

D'après ses avocats, Patnaree Chankij, 40 ans, a été inculpée et risque 15 ans de prison pour avoir simplement écrit «ja» - l'équivalent en thaï de «ouais» - en réponse à des messages privés sur Facebook jugés insultants pour la famille royale.

«Nous sommes troublés par les dernières interpellations de personnes liées à des commentaires mis en ligne et par l'arrestation de Patnaree Chankij, la mère d'un militant politique», a condamné un porte-parole du bureau Asie du ministère américain des Affaires étrangères.

«L'arrestation et le harcèlement de militants et de leurs familles soulèvent de graves questions sur le respect par la Thaïlande de ses obligations internationales de protection de la liberté d'expression», a protesté Washington à l'adresse de Bangkok.

Sirawith Seritiwat, le fils de Patnaree, est l'un des leaders étudiants qui s'oppose aux militaires depuis près de deux ans. Il a déjà été arrêté à plusieurs reprises.

Dans un contexte de grande inquiétude autour de la santé du roi Bhumibol Adulyadej, âgé de 88 ans et hospitalisé depuis des mois, la junte, qui a pris le pouvoir par un coup d'État en mai 2014, multiplie les procédures. De ce fait, l'autocensure sur le sujet est très forte en Thaïlande, y compris dans les médias étrangers.

La diplomatie américaine a ainsi dénoncé «des actions qui créent un climat d'intimidation et d'autocensure».

La Thaïlande jouit depuis la Guerre froide d'un traité d'alliance militaire avec les États-Unis, mais les relations se sont nettement refroidies depuis le coup d'État de 2014.

«Nous demeurons préoccupés par les restrictions sur les droits de l'homme et les libertés fondamentales en Thaïlande», a encore tonné le département d'État, sans toutefois faire état de menaces de sanctions contre Bangkok.

À l'approche d'un référendum sur un nouveau projet de Constitution prévu pour le mois d'août, la junte est de plus en plus nerveuse. Elle a interdit tout débat et toute campagne sur le texte, jugé antidémocratique par l'opposition.

Les États-Unis ont «exhorté le gouvernement à permettre un débat ouvert sur l'avenir politique de la Thaïlande».