Les tremblements de terre survenus depuis jeudi dans le sud-ouest du Japon ont fait au moins 41 morts et un millier de blessés, et les secouristes redoutent que les fréquentes secousses et une mauvaise météo n'alourdissent le bilan.

La région de Kumamoto, sur l'île de Kyushu, a été secouée ces dernières 48 heures par une série exceptionnelle de violents séismes qui ont provoqué destructions, incendies et glissements de terrain.

Des personnes sont vraisemblablement encore sous les décombres et d'autres bloquées dans des lieux isolés, menacées par les répliques, le vent et la pluie.

«La police, les pompiers et les forces d'autodéfense (nom de l'armée japonaise) font tout pour les secourir», a assuré le porte-parole du gouvernement, Yoshihide Suga, lors d'une conférence de presse.

Au moins un millier d'habitants ont été blessés, dont 184 gravement, selon les autorités locales.

Plus de 1700 habitations ont été détruites en tout ou partie, selon l'agence Kyodo.

Près de 92 000 résidents de la région ont été évacués dans 686 centres d'accueil, dont 300 riverains d'un barrage qui menace de s'effondrer. Le gouvernement a indiqué avoir préparé des vivres pour trois jours pour des dizaines de milliers de personnes hébergées dans des refuges.

Un pan de montagne de la région de Minami-Aso s'est affaissé, emportant des maisons, coupant une autoroute et isolant environ 500 habitants.

«Nous devons avant tout sauver des vies. Nous devons agir vite», a ordonné le premier ministre Shinzo Abe.

Le gouvernement a décidé de dépêcher sur place 25 000 soldats et 1000 secouristes en plus des pompiers et autres intervenants locaux.

SOS sur internet

De nouveaux glissements de terrain sont redoutés à cause de la pluie.

«Il a déjà commencé à pleuvoir et les précipitations comme le vent risquent de s'amplifier. Les tâches de secours vont être difficiles cette nuit, mais les victimes attendent», a souligné lors d'une réunion de crise le premier ministre en début de soirée.

«Environ 30 personnes sont réfugiées dans un camping, elles ont appelé les sauveteurs, mais ils n'ont pas l'air de venir, aidez-les avant que le temps ne se dégrade», a écrit sur Twitter un certain @kbbblove, disant parler au nom d'amis et de leur famille.

D'autres messages d'appels au secours ont aussi été postés sur les réseaux sociaux, bien qu'internet ne soit plus accessible par endroits.

Par ailleurs, des centaines de milliers de foyers étaient privés d'électricité, de gaz et/ou d'eau. L'essence pourrait aussi venir à manquer en raison de la difficulté par endroits de faire circuler les camions-citernes.

Un hôpital de la ville de Kumamato a dû être évacué et l'aéroport voisin était fermé.

Des bâtiments endommagés, un pont de 200 mètres effondré, des routes fissurées voire éventrées, un sanctuaire séculaire démoli: les habitants ont constaté avec stupeur l'ampleur des dégâts.

Le tremblement de terre le plus fort, de magnitude 7 d'après l'Institut de géophysique américain USGS (7,3 selon l'agence de météo japonaise), est survenu samedi à 1 h 25 locale (12 h 25 au Québec vendredi) à une profondeur de 10 km seulement.

Usines touchées, centrales nucléaires indemnes

Depuis le premier séisme de jeudi, plus de 350 autres secousses de différentes puissances ont été enregistrées, dont 14 très puissantes, selon l'agence de météo.

Les inquiétudes étaient aussi alimentées par une petite éruption du volcan Aso, mais le lien avec les tremblements de terre restait incertain.

«Nous sommes sorties de la maison à cause des secousses qui n'en finissaient pas. On a eu tellement peur», a raconté Hisako Ogata, 61 ans.

Les transports étaient fortement perturbés et de nombreuses usines à l'arrêt pour procéder à des vérifications, dans les secteurs de l'automobile (Toyota, Nissan et Honda), de l'électronique (Sony, Fujifilm, Renesas) ou encore de l'alimentation (Yamazaki).

Aucune anomalie n'a été relevée dans la centrale nucléaire de Sendai (préfecture de Kagoshima) où se trouvent les deux seuls réacteurs du Japon en service, ni dans celles de Genkai et Ehime, également secouées, ont assuré les opérateurs.

Des journalistes, photographes et écrivains ont néanmoins écrit à la compagnie Kyushu Electric pour réclamer l'arrêt des unités de Sendai.

Situé à la jonction de quatre plaques tectoniques, l'archipel subit chaque année plus de 20% des séismes les plus forts recensés sur Terre.

Les Japonais sont encore plus sensibles aux risques depuis le tsunami de mars 2011, qui a tué quelque 18 500 personnes et provoqué la catastrophe nucléaire de Fukushima.