Les forces sud-coréennes et américaines ont commencé lundi les plus importantes manoeuvres conjointes jamais organisées sur la péninsule coréenne, auxquelles Pyongyang a menacé de répliquer par des frappes nucléaires «à l'aveugle».

Ces exercices annuels entre les deux alliés aggravent systématiquement les tensions entre le Nord et le Sud.

Ils interviennent cette année dans un contexte particulièrement crispé, deux mois après le quatrième essai nucléaire de la Corée du Nord et un mois après un tir nord-coréen de fusée longue portée, deux actions condamnées par le Conseil de sécurité de l'ONU qui vient de voter une nouvelle volée de sanctions contre le régime le plus isolé au monde.

Les manoeuvres conjointes, baptisées «Key Resolve» et «Foal Eagle», sont cette année d'une envergure jamais vue en Corée du Sud, avec environ 17 000 Américains et 300 000 Sud-Coréens.

Des éléments clés de l'armée américaine sont mobilisés, telle qu'une escadre emmenée par un porte-avions et des sous-marins à propulsion nucléaire.

Dans un communiqué diffusé quelques heures avant le début des exercices, la puissante Commission de la défense nationale de Corée du Nord se dit prête à une contre-offensive «totale».

«Au nom de la justice»

«Les manoeuvres militaires conjointes organisées par les ennemis sont perçues comme des exercices de guerre nucléaire non dissimulés visant à porter atteinte à la souveraineté (de la Corée du Nord), sa riposte militaire sera d'effectuer des frappes nucléaires préventives et offensives», prévient le communiqué.

Dans des propos rapportés vendredi par l'agence officielle KCNA, le leader nord-coréen Kim Jong-Un avait déjà annoncé la couleur, après le vote de sanctions à l'ONU: «Nous devons être toujours prêts, à chaque instant, à utiliser notre arsenal nucléaire.»

La rhétorique belliqueuse est une constante de la part du régime nord-coréen lorsque les tensions augmentent. Si Pyongyang dispose vraisemblablement d'un petit arsenal de têtes nucléaires, les spécialistes sont divisés quant à sa capacité à les monter sur des missiles.

La Commission de défense nationale affirme que des plans d'«attaque nucléaire préventive au nom de la justice» ont été élaborés par le Commandement suprême de l'Armée populaire coréenne et validés par Kim et sont prêts à être mis en oeuvre «même dans le cas de la plus petite action militaire» des ennemis du Nord.

«La frappe nucléaire à l'aveugle (...) montrera clairement aux enthousiastes de l'agression et de la guerre la détermination» du Nord, poursuit la Commission.

«Océans de flammes»

Les cibles, claironne-t-elle, pourraient être sud-coréennes, mais ces frappes pourraient aussi viser les bases américaines dans la région Asie-Pacifique et jusqu'aux États-Unis.

«Si nous appuyons sur les boutons pour anéantir nos ennemis (...), toutes les origines des provocations seront réduites à des océans de flammes et de cendres en un instant», ajoute-t-elle.

Ces menaces nord-coréennes pourraient être une conséquence d'articles sud-coréens selon lesquels les manoeuvres conjointes incluraient cette année des simulations de frappes contre des installations des programmes nucléaire et balistique du Nord.

À Séoul, le ministère de la Défense s'est engagé à répondre «durement et impitoyablement» à toute «provocation» du Nord.

Si les tirs de fusée ont pu permettre au programme de missiles balistiques nord-coréen de progresser, la plupart des experts pensent que Pyongyang ne maîtrise pas la technologie de rentrée dans l'atmosphère, après la phase de vol balistique, qui serait nécessaire pour toucher un territoire aussi lointain que les États-Unis.

Si Pyongyang condamne chaque année ces manoeuvres qui durent près de deux mois, Séoul et Washington affirment que leur unique but est défensif. Les deux alliés comptent néanmoins cette année faire une démonstration de force, en riposte à l'essai nucléaire du 6 janvier et au tir de fusée du 7 février.

Adoptée unanimement la semaine dernière au terme de négociations laborieuses entre Washington et Pékin, la nouvelle résolution de sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU est de nature, si elle est respectée, à considérablement accroître la pression économique sur le Nord.

La Corée du Sud va de son côté annoncer mardi des sanctions renforcées contre Pyongyang, ce qui devrait déclencher de nouvelles menaces de représailles du Nord.