L'ancien président pakistanais Pervez Musharraf a été acquitté lundi du meurtre en 2006 d'un chef rebelle, l'une des trois affaires dans lesquelles il est poursuivi depuis son retour d'exil, selon des sources judiciaires.

«Le tribunal a rejeté toutes les accusations à l'encontre de l'ancien dirigeant Pervez Musharraf et de toutes (les personnes) impliquées dans l'affaire», a déclaré à la presse Aftab Sherpao, ancien ministre de l'Intérieur, qui figurait parmi les co-accusés du général. Ce verdict a été confirmé par les avocats des deux parties.

M. Musharraf, au pouvoir de son coup d'État à la fin 1999 à sa démission à l'été 2008, était jugé par un tribunal antiterroriste à Quetta pour le meurtre de Nawab Akbar Bugti, leader rebelle de la province gazière du Baloutchistan (sud-ouest) tué en 2006 dans une opération militaire. Le général avait été inculpé en janvier 2015.

Nawab Akbar Bugti, gouverneur dans les années 70, puis ministre en chef du Baloutchistan à la fin des années 80, avant de rejoindre la rébellion autonomiste au début des années 2000, avait été tué en 2006 dans une opération de l'armée pakistanaise.

L'assassinat de cet influent chef tribal avait contribué à revigorer la rébellion autonomiste et sécessionniste au Baloutchistan, plus grande province du Pakistan, mais la moins développée malgré ses importantes ressources gazières et minières, et provoqué de violentes manifestations dans le pays.

Deux autres affaires

«C'est une injustice et une plaisanterie», a réagi après la sentence l'avocat de la famille Bugti, Suhail Rajput, ajoutant qu'il entendait faire appel.

Un porte-parole de l'ancien président a indiqué que ce dernier était pour sa part satisfait de ce verdict, qui selon lui va «rétablir la confiance des gens en la justice».

M. Musharraf espère être également acquitté dans les autres affaires «fausses et politiquement motivées» dans lesquelles il est impliqué, a ajouté le porte-parole.

Le général septuagénaire était revenu en 2013 de cinq ans d'exil à Dubaï, mais avait été rapidement rattrapé par la justice.

Il vit aujourd'hui en résidence surveillée à Karachi (sud), et reste inculpé de «haute trahison» pour avoir imposé l'état d'urgence en 2007 alors qu'il était au pouvoir, et pour son rôle présumé dans l'assassinat de l'ex-première ministre Benazir Bhutto la même année.

Selon des observateurs, l'actuel gouvernement du premier ministre Nawaz Sharif veut éviter de froisser la toute-puissante armée pakistanaise en appuyant les poursuites contre l'ex-président. M. Sharif avait été déposé par M. Musharraf en 1999 alors qu'il occupait déjà le poste de chef du gouvernement.

Selon l'expert Imtiaz Alam, l'enquête dans l'affaire Bugti a été de «piètre qualité». «L'administration était sous pression pour ne pas trouver de preuves solides contre les puissants», a-t-il dit à l'AFP, sans s'étendre sur l'origine des pressions.

«C'est une situation gagnant-gagnant pour le gouvernement et pour Musharraf», a estimé de son côté le spécialiste en questions de sécurité Talat Masood, qui déclare ne pas s'attendre à ce que le verdict ait de grandes répercussions du côté de la rébellion baloutche.