Des images satellites récentes laissent penser que le réacteur nucléaire nord-coréen considéré comme la principale source de plutonium de Pyongyang ne fonctionne toujours pas à plein régime, a annoncé jeudi un institut américain.

Ce réacteur de cinq mégawatts situé sur le complexe nucléaire de Yongbyon est capable de produire environ six kilogrammes de plutonium par an, soit une quantité suffisante pour une bombe nucléaire, estiment les experts.

Il avait été fermé en 2007 dans le cadre d'un accord échangeant désarmement contre aide humanitaire mais la Corée du Nord a commencé des travaux de rénovation après son troisième essai nucléaire en 2013. Elle a finalement confirmé en septembre son redémarrage.

L'Institut pour la science et la sécurité internationale (ISIS), basé à Washington, a estimé, après l'analyse d'images satellites prises entre la fin 2014 et la fin 2015, que le réacteur avait tout au long de la période fonctionné par intermittence ou à régime réduit.

Sur la foi de l'observation de différents marqueurs, comme les émissions de vapeur et les rejets d'eau chaude, les spécialistes de l'ISIS ont discerné une alternance d'opérations limitées pendant quelques semaines et d'arrêts apparents du réacteur.

«L'explication de ce type d'opérations est inconnue», a reconnu l'ISIS.

Ces constatations contredisent l'affirmation nord-coréenne selon laquelle toutes les installations de Yongbyon fonctionneraient normalement.

Les experts de l'ISIS ont cependant détecté qu'une usine d'enrichissement d'uranium par centrifugation gazeuse était opérationnelle, en raison de la neige fondue sur le toit de son principal bâtiment.

Les spécialistes du programme nucléaire nord-coréen guettent notamment sur le complexe de Yongbyon tout signe d'activités de retraitement.

Celles-ci impliquent qu'à un certain point, les scientifiques nord-coréens arrêtent le réacteur pour en décharger le combustible usé. Celui-ci doit ensuite être retraité dans un laboratoire situé à proximité pour en isoler le plutonium.

La Corée du Nord a réalisé quatre essais nucléaires depuis 2006, dont le dernier en date la semaine dernière, quand elle a claironné le test réussi d'une bombe à hydrogène.

Mais les spécialistes mettent largement en doute le fait que cet engin ait été une bombe H, bien plus puissante que la bombe atomique ordinaire. L'énergie dégagée lors de l'essai était trop faible, assurent-ils.