La Corée du Nord s'est retrouvée jeudi en butte aux critiques au Conseil de sécurité de l'ONU pour ses violations des droits de l'homme, pour la deuxième année consécutive.

À l'ouverture de cette réunion, le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Zeid Ra'ad al Hussein a affirmé que « des millions de gens continuent de se voir refuser leurs droits fondamentaux » dans la dictature communiste.

Étant donné « l'ampleur et la gravité extrême » de ces exactions, il a estimé « essentiel » de saisir la Cour pénale internationale (CPI) des crimes contre l'humanité commis en Corée du Nord.

Un voeu pieux car, si le Conseil a l'autorité pour saisir la CPI, des diplomates à l'ONU estiment que la Chine, dernier soutien de Pyongyang, mettra immédiatement son veto à toute initiative en ce sens.

« Les exactions flagrantes continuent (...) et elles n'ont pas été stoppées ni corrigées par le gouvernement », a affirmé M. Zeid en rappelant qu'entre 80 000 et 120 000 prisonniers politiques croupissent toujours dans des camps selon l'ONU.

Mais il a aussi souligné la nécessité d'un « dialogue ouvert » avec le régime communiste pour « l'encourager à des réformes », estimant que Pyongyang « a fait quelques efforts préliminaires pour s'intégrer dans l'arène internationale ».

Le Haut-commissariat a ouvert en juin une antenne à Séoul pour surveiller la situation de l'autre côté de la frontière et le Haut-commissaire a été invité à visiter la Corée du Nord, à une date encore non fixée. M. Zeid a cependant dénoncé des « menaces inacceptables » des autorités nord-coréennes envers cette antenne.

L'ambassadrice américaine Samantha Power, qui préside le Conseil en décembre, a dénoncé « un niveau d'horreur sans équivalent dans le monde ».

« Les Nord-Coréens continuent de vivre un cauchemar en plein jour et ce cauchemar constitue une menace pour la paix et la sécurité internationales », a-t-elle affirmé.

Prenant à témoin deux anciens prisonniers nord-coréens réfugiés au États-Unis, qui assistaient au Conseil, elle a raconté leur calvaire et a promis que Washington allait « continuer à mettre en lumière la situation des droits de l'homme en Corée du Nord ».

« Notre message au régime (nord-coréen) est clair : nous documentons vos crimes et un jour vous en répondrez », a-t-elle lancé.

Cette réunion avait été convoquée par les États-Unis avec le soutien de huit des 15 autres pays membres (Grande-Bretagne, France, Chili, Jordanie, Lituanie, Espagne, Nouvelle-Zélande, Malaisie).

La Russie et la Chine ainsi que le Venezuela et l'Angola y étaient opposés, faisant valoir que le Conseil n'est pas l'instance appropriée sur ce sujet.

Pékin a tenté d'empêcher la tenue de la réunion mais sa demande a été rejetée à l'issue d'un vote de procédure par neuf voix contre quatre et deux abstentions.

Cette réunion coïncidait symboliquement avec la Journée internationale des droits de l'homme célébrée chaque année le 10 décembre.

Amnesty international avait appelé jeudi le Conseil à « envoyer un message sans équivoque aux autorités nord-coréennes pour qu'elles mettent fin à leurs exactions systématiques et flagrantes ».

Le Conseil « doit faire comprendre à Pyongyang que ceux qui sont impliqués dans ces crimes contre l'humanité devront bientôt rendre des comptes », a affirmé Human Rights Watch.

Fin novembre, la Corée du Nord avait « rejeté catégoriquement » une résolution de l'Assemblée dénonçant ses violations « systématiques, généralisées et flagrantes ».

La résolution, non contraignante, demandait à Pyongyang de « fermer immédiatement ses camps de prisonniers politiques ».

L'Assemblée dénonce chaque année depuis 2005 les exactions commises dans la dictature communiste, sans aucun effet.

La pression s'accroît cependant sur Pyongyang depuis la publication l'an dernier d'un rapport accablant de l'ONU dénonçant des exactions « sans égal dans le monde contemporain ».

En décembre 2014, les États-Unis et leurs alliés avaient réussi à faire inscrire les droits de l'homme en Corée du Nord à l'ordre du jour du Conseil et une première réunion sur ce thème avait eu lieu le 22 décembre.

Cette deuxième session intervient au moment où le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon envisage de se rendre pour la première fois à Pyongyang. Aucune date n'a cependant été fixée pour cette visite.