Un tribunal chinois a condamné vendredi à des peines de prison trois militants reconnus coupables d'avoir soutenu des manifestations contre la censure des médias, a annoncé à l'AFP l'un de leurs avocats, illustration de la féroce répression par Pékin des voix critiques du régime.

Guo Feixiong, Liu Yuandong et Sun Desheng se sont vu infliger des peines d'emprisonnement de six ans, trois ans et deux ans et demi respectivement, a dit l'avocat de M. Guo, Zhang Lei.

Ce verdict intervient près d'un an après le procès de MM. Guo et Sun devant un tribunal de Canton (sud), où ils étaient accusés d'«avoir rassemblé une foule en vue de perturber l'ordre public», charge régulièrement utilisée en Chine pour emprisonner des militants et manifestants.

Les trois hommes s'étaient associés en janvier 2013 aux manifestations de soutien au journal de Canton Nanfang Zhoumo après la censure de son éditorial du Nouvel An, lequel appelait à garantir les droits politiques en Chine. Guo Feixiong avait été arrêté en août de la même année.

Signe du caractère sensible de l'affaire, plusieurs dizaines de policiers, dont certains habillés en civil, restreignaient l'accès au tribunal, d'après des messages de militants sur Twitter.

Le juge a ajouté vendredi que M. Guo a été aussi reconnu coupable du crime d'«attiser des querelles et de provoquer des désordres», souvent imputé aux dissidents politiques.

Les décisions du tribunal «sont une excentricité dans l'histoire de la justice humaine. Nous sommes plus que scandalisés!», s'est indigné l'avocat Zhang Lei.

De vives critiques également exprimées par plusieurs ONG: «C'est une pure parodie de justice. Ni Guo, ni Sun ne devraient être emprisonnés: lutter contre la corruption et pour les droits de l'homme n'est pas un crime», a réagi Maya Wang, de Human Rights Watch.

«C'est un jour bien sombre, quand on voit des défenseurs de la liberté de la presse et de la démocratie soumis à la torture et condamnés à de longues peines de prison après des procès fantaisistes», a abondé Roseann Rife, chercheuse pour Amnistie internationale.

Guo Feixiong, juriste basé à Canton et éminent promoteur des libertés fondamentales, s'emploie depuis longtemps à défendre les droits des citoyens ordinaires, un combat qui lui a valu d'être harcelé par les forces de l'ordre et de faire l'objet de multiples passages à tabac.

Il s'était notamment distingué en aidant des habitants d'un village du sud de la Chine à s'unir contre un dirigeant local du Parti communiste, qu'ils accusaient d'ordonner des expropriations illégales pour s'enrichir personnellement. M. Guo avait ensuite été condamné à cinq ans d'emprisonnement pour «gestion d'une entreprise illégale».

Après sa libération en 2011, il avait également appuyé des mouvements anticorruption, exhortant des responsables gouvernementaux à dévoiler leur patrimoine en détail.