L'opposante birmane Aung San Suu Kyi a obtenu jeudi une première rencontre avec un homme clef du régime post-junte qui doit lui céder sa place après sa victoire historique aux élections du 8 novembre, mais le processus de transition prendra des mois avant que son parti ne prenne les manettes.

Elle a pu rencontrer le président de la chambre basse du Parlement, Shwe Mann, lors d'une entrevue à huis clos à Naypyidaw, la capitale administrative, selon un photographe de l'AFP.

«Nous travaillons sur des dossiers importants pour le pays», a confié le porte-parole de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) d'Aung San Suu Kyi, Win Htein.

Mais ses entrevues avec les deux principaux acteurs - le président Thein Sein et le chef de l'armée, le général Min Aung Hlaing - se font attendre. L'opposante avait envoyé, sitôt sa victoire acquise, des lettres officielles à Shwe Mann, au président Thein Sein et au chef de l'armée, le général Min Aung Hlaing, pour leur demander de la recevoir.

Si Thein Sein et Min Aung Hlaing, tous deux d'anciens hauts responsables de la junte autodissoute en 2011, ont reconnu sa victoire, aucune date n'a été fixée pour une rencontre.

Le porte-parole de la présidence, Zaw Htay, a annoncé jeudi à l'AFP que la rencontre n'aurait lieu que quand «l'ensemble du processus électoral» serait fini, avec la publication des résultats définitifs, ce qui pourrait encore prendre des semaines, jouant avec les nerfs de l'opposition.

Thein Sein restera de toute façon en fonctions jusqu'en mars selon un système politique birman très complexe, qui prévoit que le Parlement sortant siège jusqu'à fin janvier 2016, le nouveau parlement élisant en février ou mars un nouveau président.

Aung San Suu Kyi elle-même ne peut pas devenir président en raison d'une Constitution héritée de la junte qui interdit la fonction suprême à toute personne ayant des enfants étrangers (or les fils d'Aung San Suu Kyi sont britanniques). Elle n'a pas donné jusqu'ici le nom de celui qui la remplacerait, mais le nom de Shwe Mann, comme une possible figure de compromis, est souvent évoqué par les analystes.

L'ex-général Shwe Mann, considéré comme un réformateur, s'est fait démettre avant les élections de son poste de chef du parti au pouvoir, l'USDP, balayé par les élections du 8 novembre.