Des défenseurs australiens de l'environnement ont introduit lundi un nouveau recours en justice contre le second feu vert octroyé par Canberra à un projet controversé de mine géante, estimant que son impact sur la Grande barrière de corail n'avait pas été assez pris en compte.

Le projet Carmichael du groupe indien Adani, d'une valeur de 16,5 milliards de dollars australiens s'est attiré les foudres des écologistes.

Non seulement le charbon produit contribuera au réchauffement climatique global mais en outre la matière première devra transiter par un port proche du plus grand récif corallien au monde classé au patrimoine mondial, font-ils valoir.

Le projet, auquel le gouvernement australien a donné son second feu vert le 15 octobre après avoir été retoqué une première fois par la justice, prévoit l'exploitation d'une mine de charbon dans l'État du Queensland, qui deviendrait l'une des plus vastes au monde.

La Fondation australienne pour la conservation (FAC) a annoncé avoir déposé un recours auprès de la Cour fédérale contre le nouvel agrément du ministre de l'Environnement Greg Hunt.

«C'est un recours historique. C'est la première fois qu'on cherche à éprouver les obligations du ministre de l'Environnement en ce qui concerne le patrimoine mondial et les conséquences sur la Grande barrière du changement climatique dû à la pollution émanant de la combustion de charbon», a déclaré pour la FAC Geoff Cousins.

Adani a fait valoir qu'il avait respecté ses engagements en matière de protection des espèces, accusant les ONG de vouloir faire feu de tout bois afin de faire traîner les choses en longueur.

La mine doit produire chaque année 60 millions de tonnes de charbon thermique. Le projet prévoit aussi la construction de 189 kilomètres de chemin de fer pour acheminer la matière première.

Adani va parallèlement procéder à l'extension d'un port de charbon à Abbot Point afin de l'exporter.

D'après les écologistes, la Grande barrière inscrite au patrimoine de l'humanité depuis 1981 est déjà menacée par le réchauffement climatique, les ruissellements agricoles, le développement économique ou la prolifération des acanthasters, étoiles de mer qui détruisent les coraux.

Le site de 345 000 km2 a évité de justesse d'être placé par l'UNESCO sur sa liste des sites en péril et Canberra oeuvre à un plan de préservation sur 35 ans.

«Les scientifiques nous disent qu'en quelques décennies, le réchauffement des eaux pourrait blanchir le récif et le rendre méconnaissable», a poursuivi Geoff Cousins. «Ce serait une tragédie pour l'Australie et pour la planète».

Le mois dernier, des chercheurs avaient prévenu que la résurgence du courant chaud équatorial du Pacifique El Niño pourrait provoquer en 2016 le pire épisode de blanchiment corallien jamais recensé.

Début août, la Cour fédérale avait bloqué le projet à la suite d'un recours portant sur la protection de deux espèces vulnérables de reptiles, un lézard (Egernia rugosa) et un serpent (Denisonia maculata).

Cette fois, les avocats de la FAC cherchent à obtenir une évaluation indépendante par la Cour fédérale de la légalité du nouveau feu vert de Canberra.

«L'Australie a l'obligation légale internationale de faire tout ce qu'elle peut pour protéger notre Grande barrière de corail pour les générations futures», a déclaré Sean Ryan, l'un de ces avocats.

«Nous posons la question: le ministre de l'Environnement a-t-il rempli son obligation légale en évaluant l'impact de la combustion du charbon produit par cette mine sur la Grande barrière de corail?».