Des familles sud et nord-coréennes séparées depuis la Guerre de Corée (1950-1953) se sont quittées lundi après de rarissimes réunions très chargées en émotion, mais ternies par un nouvel incident frontalier.

Pendant ces trois jours de retrouvailles exceptionnelles, elles ont tenté de rattraper plus de 60 ans de temps perdu avec au final le moment le plus douloureux: un «au revoir» qui, vu l'âge des participants, est certainement un «adieu».

Un millier de Nord-Coréens et de Sud-Coréens ont eu la chance de participer tout au long de la semaine à ces réunions, qui se sont déroulées sur deux séries de trois jours. Une chance, car rien qu'au Sud, 65 000 personnes sont sur liste d'attente.

Ces rencontres n'étaient que les deuxièmes du genre en cinq ans. Et rien ne permet de dire quand auront lieu les prochaines.

Pour les familles nord et sud-coréennes réunies, le prix émotionnel à payer pour participer à ce type de rencontre est très élevé.

Beaucoup de participants en reviennent le coeur en lambeaux, après des rencontres orchestrées avec précision et étroitement contrôlées.

Lee Bok-Son, 88 ans, a pu rencontrer son fils de 64 ans qu'elle n'avait plus revu depuis son enlèvement par le Nord sur un bateau de pêche en mer Jaune en 1972.

«Je suis en vie et j'ai eu une belle vie», lui a-t-il dit, sous l'oeil d'un responsable nord-coréen.

En réalité, l'appellation «rencontre de trois jours» donnée à cet événement est trompeuse. Il s'agit en fait de six entrevues de deux heures chacune et les participants sont autorisés une fois seulement à se voir en face à face et en privé.

Le programme de réunions des familles avait véritablement commencé après un sommet historique Nord/Sud en 2000. À l'origine, il y avait une rencontre par an mais les tensions qui surgissent régulièrement dans la péninsule avaient eu raison de ce rythme.

Plusieurs réunions ont été annulées à la dernière minute par la Corée du Nord. Celle-ci les utilise pour tenter d'extirper des concessions à Séoul et les voit comme un acte de largesse diplomatique qui mérite récompense.

Samedi, la réalité des relations entre les deux Corées s'est rappelée à ce moment de relative détente quand la marine sud-coréenne a tiré plusieurs coups de semonce à l'attention d'un patrouilleur du Nord qui s'était aventuré dans une zone interdite selon le Sud.

Depuis la fin de la guerre, marquée par un simple cessez-le-feu, Pyongyang et Séoul sont toujours techniquement en état de guerre.