Trois personnes sont mortes et plus d'une vingtaine sont portées disparues dans l'est du Japon, tandis que des milliers de sauveteurs étaient mobilisés vendredi pour évacuer une partie des habitants d'une ville sinistrée au nord de Tokyo.

L'agglomération de Joso, 65 000 habitants, a été victime de la furie de la rivière qui la traverse, violemment sortie de son lit jeudi en début d'après-midi en emportant maisons et automobiles sur son passage.

On était sans nouvelles d'au moins 22 personnes, dont deux enfants de huit ans, a rapporté la chaîne de télévision publique NHK en citant les autorités locales. Une autre personne avait disparu dans une préfecture du nord.

Joso est située dans la préfecture d'Ibaraki, à une soixantaine de kilomètres de la capitale Tokyo, dont certains arrondissements ont aussi souffert d'inondations.

De fortes précipitations continuaient de s'abattre plus au nord, menaçant d'aggraver la situation après le passage du typhon Etau qui a traversé le pays dans la semaine, charriant des vents violents et des précipitations.

La mort de trois personnes a été confirmée tandis que les médias soulignaient que le bilan risquait de s'alourdir après les pires pluies au Japon depuis des décennies, aggravées par le passage au large de l'archipel d'un autre typhon, Kilo.

Jeudi, des images télévisées rappelant le tsunami de mars 2011 montraient des maisons entières emportées par le courant violent. Des habitants juchés sur des toits et balcons faisaient des gestes désespérés ou brandissaient des serviettes pour attirer l'attention des sauveteurs. D'autres communiquaient via les réseaux sociaux pour obtenir de l'aide.

Une zone de 32 km2 comprenant 6500 maisons, selon les médias, a été inondée lorsque la rivière Kinugawa a creusé une large et profonde brèche dans sa rive.

Le porte-parole du gouvernement, Yoshihide Suga, a annoncé qu'environ 5800 soldats, policiers et pompiers avaient été envoyés vendredi dans les zones inondées où des sauveteurs avaient travaillé toute la nuit.



PHOTO AFP/JIJI PRESS

Près de 200 personnes encore bloquées

Sur les 837 personnes en détresse, 649 ont pu être secourues, selon la préfecture d'Ibaraki.

«Je suis ici depuis hier matin vers 10 h et je n'ai aucune nouvelle de ma famille», a raconté à l'AFP Mme Furuya, la soixantaine, croisée dans un centre d'évacuation d'Ichige installé dans un joli bâtiment municipal construit dans le style des châteaux japonais traditionnels.

Cette aide-soignante pour personnes âgées était partie faire des courses dans une localité voisine, laissant ses enfants et son mari, et s'est trouvée plus tard bloquée par l'inondation. Elle dit n'avoir non plus aucune idée de l'état de sa maison située près de l'endroit où la rive a lâché.

Une autre résidante du même âge, Mme Nakazawa, attendait depuis plus longtemps encore, accompagnée de son petit-fils. Son fils pompier, voyant la rivière gonfler dangereusement, lui avait conseillé de se rendre au refuge dès le petit matin.

«Mon mari était resté dans l'entreprise familiale. Il avait de l'eau jusqu'à la poitrine, mais a réussi à monter à l'étage et a été évacué», a-t-elle relaté.

Le temps était très beau vendredi à Joso et le niveau de l'eau, qui la veille montait jusqu'aux étages des maisons, avait fortement baissé.

Une autre rivière, dans la préfecture de Miyagi, au nord de celle d'Ibaraki, a détruit une digue et inondé une zone habitée dont la plupart des résidants avaient cependant déjà été évacués, ont rapporté les médias.

Le constructeur automobile Toyota, qui avait suspendu par mesure de sécurité la production de trois usines dans les régions affectées, a annoncé la reprise du travail le soir.

Plus de 100 000 personnes dans le pays ont reçu l'ordre de quitter leur domicile à la suite de pluies torrentielles. Les météorologues avaient lancé le niveau le plus élevé d'alerte aux précipitations, mettant en garde contre inondations et glissements de terrain.

Le Japon est coutumier des catastrophes naturelles et traversé chaque année par de nombreux typhons. Rien de mémoire récente n'a cependant égalé le tsunami de 2011 dans lequel plus de 18 000 personnes ont été tuées.

PHOTO KAZUHIRO NOGI, AFP

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