Les autorités pakistanaises enquêtaient mercredi sur des fonctionnaires soupçonnés d'avoir délivré de faux papiers d'identité à des djihadistes, dont certains liés à Al-Qaïda, en échange de pots-de-vin d'une centaine de dollars.

L'ISI, la principale agence du renseignement pakistanais, a découvert cette pratique frauduleuse au sein de l'Autorité nationale de la gestion des papiers d'identité (Nadra), organisme qui délivre la carte d'identité pakistanaise, lors d'une opération antiterroriste en cours à Karachi, la métropole du sud du pays.

«Il a été découvert que de nombreux responsables de la Nadra ont facilité l'obtention de faux papiers par des mécréants et des terroristes», pour une somme allant de 100 à 200 dollars, selon une note interne de l'ISI consultée mercredi par l'AFP.

Parmi les djihadistes ayant profité de ce stratagème figure, selon ce document, le Saoudien Adnan al-Shukrijumah, ancien chef des opérations extérieures d'Al-Qaïda, soupçonné d'être impliqué dans un projet d'attentat contre le métro de New York en 2009.

Al-Shukrijumah avait été tué en décembre dernier dans le cadre d'une opération au Waziristan du Sud, zone tribale frontalière de l'Afghanistan qui sert de refuge à des combattants islamistes.

Selon l'ISI, trois Ouzbeks arrêtés au Qatar pour un vol de banque et des dizaines de Chinois ont aussi bénéficié des largesses de fonctionnaires de la Nadra pour obtenir de fausse pièce d'identité.

Les services secrets pakistanais enquêtent au total sur une quarantaine d'employés de la Nadra, dont deux anciens hauts gradés de l'armée, impliqués dans cette affaire de faux papiers.

Dans un rapport diffusé l'an dernier, le Bureau fédéral des investigations (FIA), un organisme public, estimait que plus de 50 000 fausses cartes d'identité pakistanaises avaient été délivrées au cours des dernières années à des immigrants illégaux, dont une majorité d'Afghans.